Le «veto» du PND plombe l’évolution des projets

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En dépit des moyens mis en place ces dernières années et la volonté affichée par les pouvoirs publics de développer le tourisme dans la wilaya de Bouira, le secteur n’arrive toujours pas à connaître le plein essor.

Une problématique, et pas des moindres, fait que toute tentative de faire bouger les choses est vouée à l’échec. Il s’agit du problème du foncier destiné à accueillir les projets à vocations touristiques. À Bouira, la spécificité réside dans le fait que la majorité des sites touristiques susceptibles d’accueillir des projets hôteliers, de loisirs et de détente sont situés en plein cœur du parc national du Djurdjura (PND). Un site protégé et classé au patrimoine mondial de l’Unesco que les gestionnaires veulent préserver à tout prix. Au niveau de ce parc, deux sites regorgeant d’énormes potentialités touristiques, ceux de Tikjda et Tala Rana en l’occurrence et à un degré moindre celui de Ain Zebda ont été, par le passé, proposés à la classification en zone d’expansion touristique (ZET). Seulement, à chaque fois qu’un dossier est ficelé et soumis à l’aval des institutions de l’Etat, il est systématiquement rejeté. Le veto émis à chaque fois par les responsables du PND bloque toute démarche visant à promouvoir deux des plus intéressants sites touristiques de la wilaya et du coup freiner toute velléité d’investissement. À trop vouloir protéger un site, l’on a plombé tout un secteur dont les autorités ne cessent de dire qu’il est susceptible de constituer une économie de substitution au pétrole. Le directeur du tourisme (voir entretien ci-contre) fit savoir qu’aussi bien ses prédécesseurs à la tête du secteur que lui-même ont élaboré des dossiers de projets de ZET pour de nombreux sites situés au parc, mais tous buteront sur le problème de l’opposition des gestionnaires de la réserve. Selon lui, sur cinq projets de ZET proposés au classement dans la wilaya de Bouira, un seul pourrait être accordé. Pour le directeur, tant que le problème du foncier existe, il ne faut pas espérer promouvoir la destination Bouira, une wilaya dont la vocation touristique est reconnue par tous. Pour évoquer le cas du site de Tikjda, l’ex-ministre du Tourisme Abdelouhab Nouri, him self, n’a pas apprécié l’entêtement des gestionnaires du PND à s’opposer à tout projet touristique. Lors de sa visite récemment dans la wilaya, l’ex-ministre a plaidé «pour un changement de mentalités», en suggérant de «devancer la réglementation et trouver des compromis» pour promouvoir la destination Tikjda et développer le tourisme de montagne. M. Nouri soutiendra aussi que «rien n’interdit l’investissement touristique dans les zones de montagne mais à condition de préserver la nature.» Et c’est cette dernière piste que semble privilégier l’ex-wali Cherifi, dont les services ont concocté un cahier des charges qui a été soumis à tous les services en vue de relancer l’investissement touristique à Tikjda. Une démarche à laquelle ont été associés les gestionnaires du PND et à travers laquelle les autorités de wilaya recherchent une sorte de compromis. S’il venait à être concrétiser, le projet peut transformer Tikjda et faire d’elle une Mecque des touristes, elle qui accueille déjà près de 150 000 touristes par an. Avec de nouveaux investissements, la station peut prétendre accueillir dix fois plus de touristes. Il est aussi souhaitable que la démarche préconisée à Tikjda soit généralisée à d’autres sites, comme celui de Tala Rana dans la commune de Saharidj et Ain Zebda à Aghbalou. Cependant, et attendant que les choses bougent au niveau des sites touristiques relevant du PND, les efforts doivent être concentrés à Hammam Ksana, où des potentialités dans le tourisme thermal demandent à être valorisées. À la forêt récréative d’Errich, un travail est déjà amorcé et ne demande qu’à être renforcer. Pis encore, il faut penser à déterrer un vieux projet jeté aux oubliettes, celui visant l’aménagement des berges du barrage de Tilesdit pour en faire un site aquatique. En somme, à Bouira, les sites touristiques ne manquent pas, le potentiel est bien là et il suffit juste de s’y mettre en mettant les moyens et surtout de la volonté pour faire bouger les lignes.

D. M.

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