Et revoilà la figue de Barbarie !

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C'est un fruit du terroir très prisé par les ménages. Il s'agit de la figue de Barbarie qui commence à mûrir, ces derniers jours, au grand bonheur des amateurs de ce fruit succulent qui pousse à l'état naturel.

La Kabylie regorge de cet arbre, ou ce qu’il conviendrait de nommer haie, qui borde les chemins rustiques et entoure certaines habitations, même s’il a perdu beaucoup de terrain à cause de l’urbanisation sauvage. Autrefois, le cactus était utilisé pour plusieurs usages. Il fortifiait les villages contre les incursions ennemies, donnait des fruits aux habitants et de l’aliment au bétail et…permettait de lutter contre l’érosion du sol. Eh oui ! Nos ancêtres, qui n’avaient pas fait l’école, plantaient des figuiers de Barbarie pour fixer le sol. Une idée ingénieuse qui a fait ses preuves. Le sol est de cette façon maintenu sans anicroches. Etant donné que les villages étaient construits sur les hauteurs des collines pour des raisons évidentes de sécurité, les cactus servaient de « murailles » naturelles contre toute attaque, et de « fixateur » du sol contre l’érosion. De nos jours, cet arbre fruitier a perdu de sa superbe et se trouve déraciné et jeté à la poubelle, pour mettre, à sa place, des murs en parpaings sans attrait ni esthétique. Néanmoins, les haies de cactus encore debout donnent du plaisir à voir, notamment quand elles commencent à fleurir et montrer ses premiers fruits, appelés dans le milieu savant les « alicaments », car ce produit agricole sauvage, en plus d’être un fruit, il lui est substitué des vertus médicinales innombrables, allant de simples bienfaits sur la peau au traitement du diabète, en passant par les diarrhées, l’obésité, les troubles gastriques…Toutes les parties de ce végétal (fruit, écorce, fleurs, raquettes…) sont utilisées dans la médecine alternative. Si ailleurs, sous d’autres cieux, dans les pays voisins par exemple (le Maroc et la Tunisie), ce produit agricole est cultivé sur de larges surfaces, d’où elle est extraite l’huile du cactus notamment qui se vend très cher en Europe, chez nous, cette culture n’est utilisée que pour la consommation, avec une timide industrialisation. C’est aussi une aubaine pour les enfants et autres jeunes gens de gagner de l’argent, en vendant de grandes quantités de ce fruit exotique.

700 DA la cagette !

C’est le cas, parmi tant d’autres, de la région de la vallée de la Soummam, où des adolescents récoltent, chaque jour de bon matin, de grandes quantités de figues de Barbarie dans les parages, pour les mettre dans des seaux et les vendre sur les abords des routes, en particulier de la RN26 qui parcourt cette région du Nord au Sud. Dans la commune de Tazmalt pour l’illustration, la commercialisation de la figue de Barbarie fraîche est monnaie courante. Ces derniers jours, il a été constaté sur les accotements de la RN26 la création de points de vente de ce fruit de saison, tenus en majorité par des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Sachant que ce fruit est très prisé par les ménages, ces vendeurs saisonniers mettent les figues débarrassées de leurs épines dans des seaux, pour taper dans l’œil des automobilistes, dont beaucoup ne résistent pas à la vue de ce fruit charnu et succulent et y marquent des haltes pour en acheter. Pour cette année, les prix de ce produit naturel ont grimpé sensiblement: un kilogramme est proposé à 100 DA, alors qu’il y a 2 ou 3 années, il valait seulement 40 DA/kg. Un seau rempli à ras est vendu à 500 DA, tandis qu’une cagette est cédée à 700 DA. «De quoi se faire un bon pactole, hein ?! », ironise un automobiliste qui s’est enquis des prix auprès des vendeurs, qui se « recrutent » parmi les scolarisés : «Nous avons trois mois de vacances d’été, alors rester à ne rien faire et regarder le temps passer sans en profiter n’est pas une solution. J’ai décidé alors, comme mes camarades, de vendre de la figue de Barbarie fraîche, pour gagner de l’argent avec lequel je m’achèterais des tas de choses, comme des fournitures scolaires, des habits, et toute autre chose que je désirerais et qui sera à ma portée », explique le petit Hamid qui n’a que 14 ans. Ces points de vente de figues de Barbarie pullulent surtout à Allaghane, Tavlazt, Timetedhit et Tamozonit dans la commune de Tazmalt. Ces bourgades sont toutes desservies par la RN26, dont les accotements constituent pour beaucoup de familles un « gagne-pain », du moment que des dizaines d’étals de fruits et légumes, notamment, y sont aménagés sous l’ombre d’imposants oliviers ou eucalyptus, c’est selon l’endroit.

Syphax Y.

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