Aït Ouabane devenu un haut lieu de pèlerinage

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Accroché au flanc de la montagne, le petit village d’Aït Ouabane, dans la commune d’Akbil, ne cesse de faire parler de lui. Des manifestations culturelles diverses se suivent à longueur d’année, grâce à la volonté et à l’activité de ses habitants, toujours prêts à relever le défi. Auparavant, les habitants de Michelet, chef-lieu de daïra dont relève Akbil, ne connaissaient d’Aït Ouabane que le nom de ce hameau situé dans une impasse et dont l’eau coulant de la montagne vient remplir le barrage servant à l’usine hydroélectrique de l’Oued El Djemaa. Ses jeunes, dignes héritiers des dizaines de chouhada tombés en martyrs durant la guerre de libération nationale, ont réussi à le faire sortir de l’anonymat en quelques années seulement. L’organisation du Festival Racont’Arts dans cette bourgade que d’aucuns disent reculée, n’est donc pas une surprise. Comme toutes les manifestations culturelles qui s’y sont déroulées jusqu’à maintenant, cet événement ne souffre d’aucune fausse-note. Les exposants, dont les plus éloignés sont entièrement pris en charge, ne tarissent pas d’éloges, s’agissant de leur séjour. Des touristes de toutes les régions de Kabylie et d’ailleurs y défilent à longueur de journée, se croisant au point de se bousculer devant les entrées des salles d’exposition. Des étrangers, particulièrement des Français, sont reconnaissables à leur teint et surtout à leur accent. Sans tabous, des femmes, venues d’ailleurs probablement, sont attablées aux terrasses des cafés. Les salles de classe de l’école primaire sont devenues, l’espace du Festival, autant de lieux de culture que les hôtes d’Aït Ouabane ne se lassent pas de visiter. Si l’art, en général, est omniprésent, le livre domine. Il occupe une place de choix, reléguant au second plan les autres activités. Des auteurs tels Mariche, Imache et tant d’autres, saisissent cette occasion pour procéder à des ventes-dédicaces. Julien Pescheur, un citoyen français, installé à Béjaïa depuis longtemps et ardent défenseur de la littérature amazighe, expose des ouvrages de nombreux auteurs algériens. Il confie que «le livre se vend de moins en moins». «Je n’arrive même pas à faire face au prix du loyer à Béjaïa où je possède une boutique. Je paie de mon propre argent la défense de la littérature et la culture amazighes», fera-t-il savoir. Selon lui, il ne tardera pas «à rendre le tablier.» Julien Pescheur nous rassure quant à l’intérêt que porte le public pour la chose littéraire : «En France, on s’intéresse moins qu’ici à la lecture». Le parc national du Djurdjura occupe une salle afin de sensibiliser sur la protection de la flore et de la faune locale, dont on présente plusieurs spécimens empaillés (hyène raillée, renard, belette et autres). Dehors, le stand d’Amnesty international n’attire pas plus de monde que les livres. L’intérêt du public est ailleurs. Des bijoux de fantaisie ou d’Ath Yenni, des robes kabyles, de la poterie, côtoient le tapis d’Aït Hichem ou encore des créations de certains artistes qui proposent à la vente des objets de décoration. Le public semble beaucoup apprécier les soirées artistiques organisées. Des contes, des galas, la lecture de poèmes font, selon les présents, la joie des villageois et des visiteurs qui s’attardent à Aït Ouabane.

A. O. T.

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