En été, à Bouira et comme partout à travers le pays, la demande des familles pour les loisirs est importante. La tendance est nouvelle et témoigne de l’évolution qui s’est opérée au sein de la société algérienne, et surtout de l’amélioration des conditions de vie des populations.
Cependant, cette demande est en inadéquation avec l’offre. En effet, actuellement, l’on constate que l’offre en matière de loisirs est très limitée et parfois inexistante. Dans la wilaya de Bouira, il existe quelques lieux de loisirs, mais pas en nombre suffisant car loin de répondre à une demande sans cesse grandissante. Pis encore, le peu d’espaces et d’endroits qui existe n’offre pas les prestations souhaitées, ou ils sont carrément laissé à l’abandon. Du coup, et en l’absence de suffisamment d’espaces de loisirs et devant une offre peu diversifiée, beaucoup de familles, surtout les jeunes de Bouira optent pour les wilayas voisines, à l’image de Boumerdès, Béjaïa, Sétif et Tizi-Ouzou, où l’offre en loisirs est largement disponible, diversifiée et bien meilleure. Certes, cela engendre beaucoup de frais, mais c’est là le seul choix qui leur est offert. Il faut dire aussi que certaines options, notamment celles pour lesquelles optent les jeunes s’avèrent périlleuses. En effet, bon nombre de ces derniers se rendent dans les barrages et retenues collinaires pour se baigner, et prennent ainsi le risque de perdre la vie. Rien que cet été, plusieurs cas de noyades ont été signalés aux quatre coins de la wilaya. Le parc Dounia gagnerait à être agrandi Dans la wilaya de Bouira, et plus particulièrement au chef-lieu, il existe quelques lieux de loisirs. Le parc citadin Dounia, jouxtant la maison de l’environnement par exemple, est un de ces espaces qui attire beaucoup de familles en été. L’espace, un petit coin de verdure, est aménagé pour accueillir les familles et offrir aux enfants des moyens de distraction et de détente. On y trouve des manèges pour enfants, une buvette, plusieurs allées dédiées pour la promenade et un lac artificiel. Depuis le début des vacances scolaires le parc ne désemplit pas, surtout les après-midis. Seulement, à lui seul cet espace ne peut accueillir autant de monde, car il est sous-dimensionné pour une ville comme Bouira, dont la population avoisine les 100.000 habitants. Lieu de détente par excellence, la forêt Errich le véritable gâchis L’autre espace qui peut attirer les familles en ces temps de chaleurs, est bien la forêt Errich. Celle-ci est située à la lisière de la ville, et c’est un véritable poumon pour Bouira. S’étendant sur des dizaines d’hectares, la forêt a bénéficié d’un projet d’aménagement en 2012 pour un montant de 120 millions de DA, lequel a vu la réalisation d’une dizaine de kiosques, d’aménagement d’allées, d’espaces de détente et de pistes pour la randonnée et la pratique du footing. Le projet en question a connu beaucoup de péripéties, et surtout de difficultés avant d’être livré. Pire encore, depuis sa livraison, l’espace a été livré à l’abandon. Les familles qui y viennent ne trouvent même pas où acheter ne serait-ce qu’une bouteille d’eau. Entre temps, les kiosques censés être exploités en buvettes, sandwicheries sont restés étrangement fermés devant le public. Les familles y viennent et repartent bredouille, avec un sentiment de déception, surtout en constatant les dégradations auxquelles sont livrés les lieux. Sur place, plus rien n’échappe à la dégradation. A commencer par le mobilier et les autres structures. L’environnement est sale et gagné par une pollution à grande échelle. A cause du manque d’entretien, les allées de la forêt sont jonchées de déchets et les poubelles qui sont installés débordent de détritus. Le décor qui s’offre à la vue des familles est répugnant et surtout repoussant. Beaucoup viennent respirer de l’air frais mais ne s’éternisent pas sur les lieux. A l’entrée de la forêt, un manège pour enfant est installé mais n’attire pas pour le moment grand monde. Juste à côté, un club équestre occupe un tout petit espace et reçoit la visite des familles. Mais l’espace gagnerait à être agrandi pour accueillir plus de monde. Un peu plus loin, il existe un immense lac. Cet endroit est susceptible d’attirer du monde s’il est bien exploité. Ceci dit, et en l’absence d’un projet digne de ce nom pour aménager ses berges pour en faire un espace de sport aquatique, les lieux sont restés en jachère, et surtout le point de chute des jeunes qui risquent leur vie en s’y baignant. Il arrive de voir dans le coin des jeunes s’adonnant à la boisson alcoolisée et à la drogue. En visite il y a près de deux mois sur les lieux, l’ex-wali Cherifi a piqué une colère noire en découvrant l’état de déliquescence et d’abandon de la forêt. Evoquant l’absence d’initiatives de la part des gestionnaires de cet espace, l’Entreprise régionale de génie rural Ergr Zaccar en l’occurrence, et pas satisfait de la gestion de l’espace, l’ex-wali avait décidé de confier la gestion de la forêt à l’office des jeunes (ODEJ) pour une durée de trois mois. Quelques semaines après, des entreprises privées se sont manifestées auprès de l’ODEJ, pour avoir des concessions et créer de l’animation (toboggan, manèges pour enfants). Mais les investisseurs se sont vite retrouvés devant des contraintes : l’absence de l’électricité et de l’eau. Ce qui les freiné net. Auprès des services de l’OEDJ, l’on affirme que tout le nécessaire a été effectué auprès des services de l’ADE et de la SDC, des devis ont été même payés, mais ils attendent à ce jour les raccordements à l’eau et au courant. Actuellement, tout est à l’arrêt. Pour un investisseur privé porteur d’un projet d’animation, il y a comme une volonté chez certains de laisser les choses telles quelle. A Errich, il y a incontestablement un laisser-aller manifeste de certains organismes publics. Cet état de fait ne profite pas aux populations de la wilaya, qui voient pour ainsi dire un espace de loisirs et d’évasion comme Errich tombé en désuétude. Un projet d’un parc pour enfants en chantier Toujours dans la ville de Bouira, il existe un projet d’un parc pour enfants implanté à proximité de l’OPW, mais il est toujours en chantier. Une fois achevé, cet espace comportant une grande roue, piscines et jeux aquatiques est susceptible d’accueillir les familles en été. Il y a aussi tous ces jardins du centre-ville, qui reçoivent la visite des familles durant ces soirées d’été. Le square Si Lhoues, sis à l’ancienne ville et le jardin jouxtant le siège de la wilaya sont pris d’assaut tous les soirs en ces temps de canicule. De leur côté, les jeunes et pour meubler les longues journées d’été et fuir les chaleurs, jettent leur dévolu sur une piscine d’hôtel privé où le gérant a ouvert la structure moyennant des droits d’accès s’élevant à 200 da la journée. Cette formule en vigueur depuis trois ou quatre ans attire beaucoup de jeunes du centre-ville, dont une grande majorité est rongée par l’oisiveté et en manque de loisirs. Il y a la montagne et Tikjda mais… En dehors du centre-ville, il y a les destinations de montagne, à l’image de Tikjda, Tala Rana et Aïn Zebda qui attirent les familles. C’est de loin Tikjda avec son complexe hôtelier et son chalet du Kef qui reçoivent le plus de monde. Dans cette station qui peut rivaliser avec la mer, beaucoup de choses restent à faire en matière d’infrastructures hôtelières, lieux de loisirs et structures d’accueil. Le site est certes attractif et constitue une destination de choix pour les familles de Bouira en été, mais l’offre de service est limitée. Un cahier des charges est actuellement en cours d’examen en vue d’ouvrir le site à l’investissement touristique. Mais rien n’est encore certain quant à l’aboutissement de la démarche. En tout cas, d’aucuns plaident pour le développement d’un tourisme de masse qui sera accessible à tous. Le littoral pour s’offrir une journée de détente Devant l’absence d’une offre suffisante en matière de loisirs et d’espaces de détente à Bouira, et vu les moyens limités, beaucoup de gens se déplacent dans les wilayas côtières de Boumerdès, Tizi-Ouzou et Béjaïa. Nombreux sont les amoureux de la grande bleue à parcourir une centaine de kilomètres pour s’offrir un moment d’évasion et une journée de détente au bord de mer. Seulement, ces déplacements sont harassants et reviennent chers. Car au tracas des embouteillages sur les routes des plages, comme c’est le cas sur celles de Béjaïa, viennent s’ajouter les frais de location de voitures, parasols, tables et de la nourriture. Vu l’éloignement de la plage et la cherté du séjour, au lieu d’y aller tous les jours, beaucoup de jeunes et de familles y vont les weekends. Ces dernières années, des familles prennent la route de Bordj Bou Arreridj et de Sétif, et emmènent les enfants pour voir le zoo et découvrir les parcs aquatiques de la région. Pour les plus nantis, la location de bungalow ou d’appartements dans les villes côtières pour des séjours d’une semaine à dix jours en compagnie de la famille est privilégiée. Ces deux dernières années, certaines de familles de Bouira optent pour la côte Est du pays, et en particulier la wilaya de Jijel, une destination qui a la cote. Il faut dire que les piscines implantées dans chaque chef-lieu de daïra à travers la wilaya sont loin de répondre à la demande d’une masse juvénile sans cesse croissante. En somme, les lieux de loisirs manquent cruellement à Bouira, et il est peut-être temps de songer à en créer de nouveaux. Mais avant, il faudrait commencer par prendre soin et préserver ceux qui existent déjà.
Djamel Moulla

