Fréha tient-elle son pôle urbain ?

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S’étalant sur une superficie de près de 30 hectares, le nouveau pôle urbain de 882 logements, en projet dans la commune de Fréha, fera-t-il de celle-ci, après son achèvement, une ville à part entière ?

Toutes les commodités qu’offrent les infrastructures de base aux populations sont, en tout cas, comprises dans ce projet qui permettra, également, de décongestionner le chef-lieu de la municipalité. Prévu au village Ajerrar, à 3 km au Nord du chef-lieu communal, ce méga projet devrait absorber l’éternelle crise de logements, notamment sociaux, qui stresse la population locale et les élus municipaux depuis des lustres. Mohamed Bouderbali, wali de la wilaya, a sans doute contribué par sa décision à offrir un vrai bol d’air à une population en mal de logements. Ainsi, et sur demande du maire de Fréha de faire bénéficier sa commune d’un projet de pôle urbain, le wali suggéra ni plus ni moins la délocalisation d’un des grands projets, destiné, dans un premier temps, au pôle d’excellence du chef-lieu de wilaya. «Lors de sa visite d’inspection effectuée dans notre commune, le wali s’est enquis des projets de logements et a cherché à connaître les capacités de la commune à faire face à la forte demande de la population locale. Nous l’avons, alors, informé que Fréha n’a bénéficié d’aucun programme de logements sociaux, alors que l’APC croule sous les 2 000 demandes pour ce segment», dira Mohand Azizi, maire de la commune. (Voir également l’entretien ci-contre). M. Azizi souligne que «M. Boudarbali a montré un réel intérêt à nous aider pour solutionner le problème. Suite à quoi, nous lui avons parlé de ce terrain de près de 30 hectares appartenant à la commune sur lequel nous avons émis le vœu, depuis 2013, d’implanter un pôle urbain». Pour le maire de Fréha, «le wali a impressionné par son sens d’initiative, puisqu’il nous proposa, sur le champ, de délocaliser un méga projet, prévu au pôle d’excellence d’Oued Falli, vers Ajerrar. Une promesse tenue en moins de 60 jours». Une bonne nouvelle donc pour la population locale. A noter que ce pôle urbain verra l’implantation, en plus des 882 logements sociaux, d’une école primaire, d’un collège, d’un lycée, d’une salle omnisports de 500 places couvertes, de terrains de détente et de loisirs, d’un stade, d’une agence postale et d’une mosquée. «D’autres équipements publics y sont prévus. Mais, dans les premiers temps, nous nous sommes entendus sur la réalisation des équipements socioéducatifs permettant aux futures résidents d’accéder aux besoins vitaux sur place», précise Mohand Azizi.

Une sortie de crise pour les familles en mal de logement

Bien que les avis divergent chez les citoyens sur la consistance de ce projet de logements, le soulagement est néanmoins perceptible chez les populations du flanc Nord de la commune. A noter que les villages situés dans le versant Nord, à l’instar de Tala-Tganna, Taguersift, Aït Bouali/Timarzouga, Tikhourvine et Ajerrar, constituent à eux seuls, plus de 2/3 de la population de la commune. Une très forte concentration démographique, donc, pour une commune qui compte un peu plus de 30 000 habitants. «Ce projet va sûrement alléger notre souffrance du manque de logements. Cela fait presque une trentaine d’années qu’aucun projet public de logements n’a été destiné à notre commune. Plusieurs familles souffrent du mal de logement, surtout celles se trouvant dans l’incapacité financière de construire, ou celles qui ne possèdent pas de terrains constructibles», dira un citoyen accosté au sortir du siège de la mairie. Pour cet habitant de Tala Tgana, village mitoyen du site où est prévu le pôle urbain, «si le projet est vraiment réalisé, cela ne fera que le bonheur de près de 1 000 familles. Et ce n’est pas rien !». Un autre villageois, d’Ajerrar cette fois-ci, considère que le projet en question est une bénédiction pour lui et ses semblables : «À mon âge, je ne peux espérer résider dans un des logements de cette nouvelle ville. Mais ça reste une très bonne nouvelle pour l’ensemble des habitants des villages d’en haut. Mes enfants vont pouvoir aussi en bénéficier, et ça me rassure», se réjouit ce sexagénaire. Interrogé à juste titre sur l’opposition de certains citoyens de son village, l’homme en question est «convaincu que ceux qui s’opposent à ce projet finiront par comprendre l’intérêt qu’a cette nouvelle ville sur tous les plans de la vie». Le sexagénaire suggère d’engager un dialogue serein entre les autorités et les opposants. Le projet, dans les délais de réalisation sont fixés à 24 mois, ne devrait souffrir d’aucun aléa une fois le «souci des opposants réglé», selon Hocine Babou, cadre au bureau d’études de la municipalité. «Certes, notre bureau n’a pas à intervenir ni dans l’étude ni dans la réalisation, confiées à l’agence foncière et à l’OPGI, mais nous sommes très confiants quant à l’aboutissement du projet, d’autant que l’entreprise réalisatrice ne tardera pas à installer son chantier», ajoute M. Babou. Ce dernier explique que «le projet est entièrement pris en charge sous sa forme initiale, tel que destiné pour le pôle d’excellence d’Oued Falli». En l’état actuel du terrain, nu et vaste, il n’est pas aisé de faire croire aux citoyens que «le projet est une réalité qui va se concrétiser grâce au wali qui a promis de le prendre à bras le corps jusqu’à sa finalisation», selon le maire qui souligne l’autre importance de cette nouvelle ville qui va décongestionner la ville de Fréha, ce qui va permettre, par ailleurs, de penser à de nouveaux projets à même d’amorcer un sursaut économique pour l’ensemble de la région.

Djaffar Ouigra

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