Rappel à la mémoire de Si Ouali

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Il ne peut y avoir de débat sur le glorieux passé de la commune de Chorfa durant la guerre de la Révolution et le lourd tribut qu’elle a payé sans pour autant évoquer le regretté Si Ouali. Ce dernier, qui mérite tous les éloges, a tiré sa révérence le premier février dernier et a laissé derrière lui une histoire que nul ne peut effacer. Au 40ème jour de sa disparition, soit le vendredi dernier, ses camarades de combat, du moins ceux qui demeurent encore en vie, ont tenu à assister à cette cérémonie. Une opportunité aux jeunes de la localité d’écouter ces “anciens” qui, au bout d’un éclair échange d’idées, une foule s’est rassemblée autour d’eux pour voir la rencontre se transformer en une conférence-débat. C’est aussi une occasion pour d’autres riverains de connaître le parcours de Si Ouali Rabia, alias Si Rachid. Ce moudjahid, né en 1920 à Chorfa d’une famille modeste a, apprend-t-on, débarqué dans les années quarante dans l’Algérois où il s’imposa comme un dur et fit connaissance avec Ali la Pointe et tant d’autres caïds de l’époque. Une décennie plus tard, il retourne au bercail pour s’engager, en compagnie de son frère Smail, dans le mouvement national. Il a eu le mérite d’héberger la famille du chahid Amrouche Mouloud, avant d’être incarcéré le 11 novembre 1956 en sa qualité de membre de l’Organisation clandestine du FLN. Il passa plusieurs mois à la prison de Sarkadji puis Barberousse, Lambèse. Il a été transité vers Ouessara ex-Paul Cazelles puis Bossuet ex-Azcole et enfin le centre carcéral Chami de Douéra où il a été victime de toute sorte de torture. Il importe de souligner que tous ces transferts de prison en prison démontrent à quel point ce rebelle inquiète l’administration pénitentiaire coloniale. Durant toute sa période de détention. Si Ouali fit connaissance avec plusieurs personnalités et figures de proue de la lutte armée. Il a côtoyé Ali Yahia Abdennour qui, à cette occasion du 40ème jour, n’a pas fait le déplacement au domicile du défunt mais a tenu quand même à envoyer un message à sa famille- Lagha Mohamed, présent lui aussi à Chorfa pour la circonstance, et qui a été l’instituteur du défunt compte tenu de son statut d’étudiant gréviste, ainsi que feu Slimane Amirat. Libéré en 1962, feu Rabia a vite été arrêté lors des événements sanglants de 1963 avec la création du FFS. Relaché plus tard, il devint président de l’association des anciens détenus internés résistants de la daïra de Bouira. Dans les années 70, il s’investit dans le sport et devint membre fondateur du club de football de M’chedallah (CRM). En parallèle, il s’occupa de la gestion des salles de cinéma dans les localités limitrophes. Son aura, ainsi que sa forte personnalité, ont fait de lui un personnage incontournable de la scène sociale et politique de la région. Il s’est éteint alors à l’âge de 86 ans, suite à une longue maladie.

M. Smail

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