Ouyahia met son plan sur la table

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Ahmed Ouyahia présentera bien le plan de son gouvernement qui sera examiné, demain, en Conseil des ministres que présidera le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Un plan qui effacera définitivement les traces du passage de son prédécesseur.

En plus de ficeler le projet de loi de finances 2018, le plan du gouvernement Ouyahia devra arranger les plus dures partitions qui feront des proportions socioéconomiques, la symphonie de sauvetage d’une crise qui menace les comptes du pays. Le Premier ministre est appelé à arranger une équation si complexe qui, au demeurant, devra ménager les investisseurs et le Front social. La feuille de route étant déjà tracée par le chef de l’État qui, lors de son message du 20 août dernier, a tracé les contours d’un programme «strict» se résumant en trois axes. Un programme non extensible, car les finances du pays ne le permettent plus. D’où le recours fort probable aux financements non conventionnels qui laisse entrevoir au gouvernement d’actionner la planche à billets. Ouyahia ne l’a, d’ailleurs, pas caché, hier, lors de l’ouverture de la session du Parlement, en annonçant l’amendement de l’ordonnance sur la monnaie et le crédit, sept ans après son deuxième rafistolage. La séparation de l’argent du politique, le crédo fatal de Tebboune, sera totalement effacé par Ouyahia, si ce n’est déjà fait lors de la réunion du 24 août dernier. Sur ce plan, le Premier ministre est appelé justement à s’appuyer sur le Patronat pour pouvoir parachever les projets déjà lancés et donner, par la même, l’image d’un pays qui choie les investisseurs. La relance des projets de montage de véhicules, après leur gel par Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit également dans le plan d’Ouyahia qui sera discuté aujourd’hui en Conseil des ministres. La reprise des investissements de montage de l’automobile, tel qu’il a été conçu et mis en œuvre par l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, relancera de facto les discussions avec les firmes sud-coréennes et japonaises ayant souhaitées s’installer en Algérie. Des projets qui vont assurément créer de l’emploi mais moins de la plus-value qui risque de se fondre dans la bulle inflationniste que pourra générer la planche à billets. Sur le plan social, le gouvernement, à sa tête le Premier ministre, devra ménager la large couche sociale des Algériens dominée par des travailleurs et des personnes à revenus fragiles. À ce sujet, Ouyahia est appelé à faire preuve de la générosité de l’État envers ses citoyens, en maintenant, vaille que vaille, les acquis sociaux hérités depuis l’indépendance, mais élargis par Bouteflika depuis sa prise de fonctions à la tête de l’État. La contraction du matelas financier ne devra aucunement être une excuse pour grignoter dans les transferts sociaux dominés par les subventions aux produits à large consommation. Néanmoins, cette exigence du chef de l’État pour maintenir la paix sociale, implique à Ouyahia d’adopter des mécanismes souples dans sa réforme du programme des subventions. Hier encore, le Premier ministre a annoncé que ce plan du gouvernement, une fois avalisé en Conseil des ministres d’aujourd’hui, sera présenté devant le Parlement dans les dix prochains jours. Autant dire que l’agenda d’Ouyahia est trop serré car, en plus de la présentation de ce plan, le Premier ministre devra finaliser, avec son ministre des Finances, le projet de loi de finances 2018 qui sera, lui, présenté devant les députés puis devant les sénateurs, au plus tard, le mois prochain, pour permettre ensuite la préparation des élections municipales du 23 novembre prochain. Kamela Haddoum.

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