Ouyahia rassure sur le financement non-conventionnel

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Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a présenté, hier, le plan d’action de son gouvernement devant les députés de l’Assemblée populaire nationale.

M. Ouyahia a entamé la présentation de ce plan par le volet politique, où il a mis en exergue la nécessité de préserver la sécurité, la stabilité et l’unité du pays. En effet, les forces de sécurité, à leur tête l’Armée Nationale Populaire, bénéficieront, a-t-il soutenu, de tout l’appui nécessaire pour poursuivre la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Dans le même temps, le gouvernement travaillera au développement d’une culture de vigilance au sein de la population. «La loi sera appliquée avec fermeté pour protéger les mosquées ainsi que les imams», a-t-il dit. L’unité du peuple autour de son identité sera consolidé grâce à la mise en valeur de l’arabe, langue nationale, et l’officialisation de tamazight qui sera confortée par la mise en place de l’Académie algérienne de la langue amazighe, a encore ajouté, M. Ouyahia, qui a précisé que son enseignement continuera à se propager à travers le reste du pays. Il a promis de promouvoir «une démocratie apaisée», tout en affichant la disponibilité de son gouvernement à dialoguer avec tous les partis politiques et à entretenir une relation soutenue avec les partis de la majorité présidentielle. Le souci de promouvoir la paix sociale se traduira également, a-t-il ajouté, à travers un attachement constant du gouvernement au dialogue avec les partenaires sociaux.

Pas d’augmentation des impôts en 2018

S’agissant du côté économique, le chef de l’exécutif s’est longuement étalé sur la nouvelle procédure que son gouvernement compte mettre en place, prochainement, à savoir le financement non conventionnel. Selon lui, cette mesure est la conséquence de plusieurs données économiques auxquels le pays fait face actuellement. Il s’agit des réserves de change qui sont tombées à près de 100 milliards USD cette année, après avoir culminé à près de 200 milliards USD en 2014. Les avoirs du Fonds de régulations des recettes qui ont culminé à plus de 5 000 milliards de DA en 2012 ont été épuisés au début de cette année par le fait de déficits budgétaires successifs. Le marché financier local n’est, quant à lui, pas de taille à permettre au Trésor de s’y endetter, d’autant que les banques de la place se retrouvent elles-mêmes confrontées à une raréfaction des liquidités. M. Ouyahia a fait remarquer, dans ce sillage, que l’endettement extérieur a été judicieusement prohibé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. «Face à cette crise financière importée de l’extérieur, le gouvernent a décidé de recourir au financement non conventionnel interne», a-t-il dit. Le Trésor public s’endettera ainsi pour financer les déficits du budget. Il financera aussi le remboursement de ses importantes dettes vis-à-vis de la Sonatrach ou des banques publiques engagées dans l’assainissement de la Sonelgaz. En réponses à certains partis politiques et experts qui ont affiché leur opposition au financement non-conventionnel, M. Ouyahia a rassuré les citoyens que cette nouvelle procédure ne mènera pas le pays vers une explosion et l’inflation, en avançant plusieurs arguments. Il a indiqué que les fonds qui seront empruntés par le Trésor auprès de la banque d’Algérie ne sont pas destinés à alimenter la consommation, mais pour financer l’investissement. Le Trésor dispose d’une marge raisonnable d’endettement, sachant qu’il fait face actuellement à une dette qui ne dépasse pas les 20% du PIB. Il a fait savoir, également, qu’il n’y aura pas une augmentation des impôts, dans la prochaine loi de finance. «On n’est pas des indigènes, on est un peuple souverain et libre», a-t-il lancé.

Maintien des subventions publiques

Sur le volet social, le Premier ministre a affirmé que l’ensemble des subventions en place sur les produits de base demeureront en vigueur et ce, en attendant la finalisation de l’étude portant sur leur rationalisation. Concernant le système national de retraite, dont les difficultés financières s’aggravent davantage, M. Ouyahia a promis la préservation du dispositif de retraite par le biais de la lutte contre la fraude sociale, ainsi que par des ressources additionnelles qui seront mobilisées dans le cadre de la loi de finance pour 2018. Quant à la recherche à l’université, elle bénéficiera de nouveau d’un financement budgétaire à hauteur de 20 milliards de DA. Dans le domaine agricole, l’ensemble des aides décidées par le président de la République en 2009 seront réactivées, «tout comme sera rétabli le soutien public au prix de l’aliment du bétail». Pour ce qui est du secteur de l’habitat, M. Ouyahia a tenu à souligner que «les citoyens ayant signé des contrats d’acquisition de logements en location vente doivent savoir que leurs logements seront réalisés et livrés à leurs bénéficiaires». À la fin de son intervention, le même responsable a souhaité avoir donné une réponse à ceux qui appellent au chaos à travers ce plan d’action avec toutes ses nouveautés, ce qui a été réalisé depuis 1999 et ce qui sera réalisé, dans l’avenir, sous l’autorité du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», a-t-il conclu.

Samira Saïdj

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