Plainte contre le pasteur

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Les autorités municipales d’Aït Bouadou, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, viennent de déposer plainte contre le pasteur de l’église d’Aït Djima, une communauté affiliée à l’Eglise Protestante d’Algérie (EPA), pour «ouverture d’un lieu de culte sans autorisation», a-t-on appris de ce pasteur qui a reçu, via un huissier de justice, une copie de cette plainte, déposée au tribunal administratif de la ville de Tizi-Ouzou. Le plaignant dans cette affaire, en l’occurrence les autorités municipales, représentées ici par le maire de la commune d’Aït Bouadou, demande dans sa plainte «la fermeture» de l’église d’Aït Djima sous prétexte «qu’elle n’est pas autorisée» et réclame de la justice «d’ordonner à son pasteur la cessation de toute pratique d’activités cultuelles au niveau de cette maison», qui était, selon le contenu de la plainte, «destinée initialement à usage d’habitation et commercial». Cette plainte a été justifiée par la non-conformité de ce lieu de culte aux dispositions de la loi 2006, régissant le culte autre que musulman. À noter que l’église d’Aït Djima, dans la commune d’Aït Bouadou, a ouvert ses portes fin décembre 2015. Deux mois après, une mise en demeure a été adressée au pasteur, lui ordonnant la fermeture dudit lieu de culte. Toutefois, le pasteur et les membres de cette communauté ont décidé de maintenir leurs activités cultuelles, tout en soulignant qu’ils agissent dans la légalité, car détenant une affiliation en bonne et due forme délivrée par l’Eglise Protestante d’Algérie (EPA), qui est officiellement reconnue par le gouvernement algérien depuis 1974. En outre, ce lieu de culte, bien qu’il soit érigé avec un permis de construire d’une maison, «a été loué conformément à la loi (un bail de location établi chez un notaire), au nom de l’EPA et sert actuellement de lieu de rassemblement des Chrétiens d’Aït Djima», a-t-on expliqué. Selon un dignitaire de l’EPA, la majorité des églises locales en Algérie se retrouvent dans la même situation. Il a déploré le fait que les autorités, d’une part, n’accordent pas un permis de construire d’un lieu à usage de culte et, d’autre part, se plaignent quand une église loue une maison pour en faire un lieu de culte. «La Constitution algérienne, adoptée en 2016, a consacré dans son article 36 la liberté de l’exercice du culte. Comment peut-on exercer notre culte si l’on ne dispose pas de lieux de culte ?» s’est-on interrogé.

Boualem S.

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