Malgré des subventions très importantes de l’État pour booster la production du miel, le secteur de l’apiculture peine à se frayer un chemin dans l’économie nationale. Le suivi et le manque d’une vision globale de commercialisation de la récolte par les pouvoirs publics handicapent sérieusement le développement et l’industrialisation de ce secteur. « Nous produisons toutes sortes de miel de qualité, mais nous butons contre la difficulté de sa commercialisation. Au début, nous le cédions à des intermédiaires, mais ces derniers le manipulent pour des considérations de quantité et le dépouillent de ses propriétés et bienfaits naturels, et cela porte atteinte à notre crédibilité. Cet état de fait nous a poussés à résilier tous les contrats avec eux, et de ce fait, nous commercialisons nous-mêmes notre récolte dans les foires et autres évènements», dira Belhouari Kakim, apiculteur de la région de Tadmaït, qui soulève aussi le problème de ces maladies venues d’Europe. «Plusieurs maladies affectent nos ruches régulièrement. Donc, il faut être tout le temps sur le qui-vive pour les détecter. Pour les maladies qui nous sont familières, nous connaissons des remèdes, mais notre souci c’est l’arrivée de nouvelles maladies, comme celle venue récemment d’Europe». Et quand on sait que la majorité des apiculteurs ne sont pas assurés, comme le révèle un autre interlocuteur, le manque à gagner pour ce fellah est considérable. Pourquoi donc cette réticence à souscrire à l’assurance ? Le gérant d’une entreprise d’apiculture, Agouilal Mokrane, nous confie : «Je ne vois pas l’intérêt de l’assurance, puisqu’elle ne prend pas en charge le vol. Quant à l’incendie, je peux l’éviter moi-même. Et puis c’est trop cher. Il y a aussi ceux qui font la transhumance, ceux qui déplacent leurs ruches d’une région à une autre, la compagnie d’assurance n’accepte pas et ne prend pas en charge ce changement de lieux», se désole notre interlocuteur. Par ailleurs, le jeune Ouali Ouali, de l’entreprise d’apiculture «Tizi N’Dwa», qui produit également des essaims, du matériel et dispense des formations, soulève le problème du remboursement promis par le ministre de l’Intérieur lors sa visite en Kabylie l’été dernier : «Plus de 3 000 ruches ont été détruites par des incendies dans notre région à Ath Jennad. Le ministre nous a promis une indemnisation lors de sa visite, mais aucun sou ne nous a été versé jusqu’à présent. Nous attendons avec impatience que cet engagement soit tenu, d’autant que cette saison est catastrophique sur le plan financier. En plus de la canicule, il n’y avait pas eu de printemps, ni de pluie», se désole-t-il. Comme ils nous le confieront, les apiculteurs appellent de leurs vœux le retour des coopératives agricoles dissoutes comme dépôts de ventes, et préconisant par ailleurs un laboratoire d’analyse et pourquoi pas une exportation massive du miel algérien, comme solutions à leur inextricable situation.
F. E.
