Takorabt, un village chargé d’histoire

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Le village Takorabt, situé à 7 kilomètres du chef-lieu communal d’Ighil Ali, est l’un des plus importants dans la région des Ath Abbas. Peuplé par environ 1 200 âmes, il est chargé d’histoire, comme l’atteste le mausolée de Sidi Abderrahmane. Un prince Hafside, qui fuit les Espagnoles sous la conduite de Pedro Navarro, lequel envahit la cité des Hammadites en janvier 1510. Takorabt servit alors de refuge à ce prince, où il s’est établi avec son fils Ahmed et toute son armada. Quelques temps après, la citadelle d’El Kelâa, l’actuel village, a été bâtie et c’est de là que démarra le légendaire royaume des Ath Abbas, qui régneront pendant près de 5 siècles sur tout le nord du pays. Il existe à Thigra n’Ath Abbas, l’ancien nom de Takorabt, le mausolée du prince Sidi Abderrahmane avec deux écoles coraniques (timâamrine) qu’il avait bâties. Ces institutions on vu défiler d’illustres personnalités religieuses de l’époque, à l’instar de Sidi Yahia El Aidli, qui y naquit et appris les sciences islamiques. Ce village a connu aussi un dynamisme économique digne des grands centres urbains de l’époque, car il était traversé par des caravanes qui vinrent du sud, chargées de toutes sortes de marchandises. A cette époque, ce fut le troc qui était de mise. Les caravanes ramenaient, donc, du sel, des dattes, du thé…, pour revenir avec de l’huile d’olive, des figues sèches, du miel… L’existence d’un caravansérail dans ce village est un témoin vivant de cette époque faste. C’est une ancienne bâtisse rénovée apparemment plusieurs fois, car elle date de plusieurs siècles. Elle a échappé de justesse à sa démolition il y a quelques années, lorsque les autorités communales projetaient d’ériger, en place et lieu, un foyer de jeunes. Et c’est au terme d’un bras de fer avec des villageois, conscients de l’importance et richesse de ce patrimoine, que le projet a été délocalisé à côté de cette bâtisse, épargnant, en fin de compte, ce monument historique. Ledit caravansérail faisait partie, il y a une dizaine de siècle, d’un réseau de caravansérails installé tout au long d’un long chemin appelé « la route du Roi ». Cette route a été aménagée, vers le 11e siècle, à l’époque de la dynastie des Hammadites, alors installée à Maâdid, dans la wilaya de M’sila actuellement. Cette infrastructure reliait l’ancienne capitale des Hammadites, établie à M’sila, à la cité de Béjaïa. Et c’est autour de cette route, dont les traces semblent « effacées » par le temps, que plusieurs villages, comme Takorabt, Belayel, Ath Serradj,… ont vu le jour, car elle les ravitaillait en tout ce dont elles avaient besoin.

S. Y.

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