Le directeur de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Béjaïa, M. Nadir Adouane, parle dans cet entretien de la flottille de pêche, du prix du poisson, de ses relations avec le mouvement associatif des pêcheurs et du projet de création d’une zone d’activités industrielles en rapport avec la pêche et l’aquaculture.
La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous présenter de manière succincte les différentes activités de votre secteur dans la wilaya ?
Nadir Adouane : Il faut savoir déjà que nous disposons d’une flottille de pêche composée de 300 navires de pêche, dont 221 petits métiers, 23 chalutiers et 56 sardiniers. La population maritime de la wilaya est de 1 452 marins-pêcheurs et la production, au 30 septembre dernier, s’élève à environ 2 300 tonnes de poissons, toutes espèces confondues. Par rapport à la même période de l’an dernier, elle est en augmentation de plus de 400 tonnes. Pour ce qui est de l’aquaculture, nous avons trois projets conchylicultures (culture de moules et d’huitres), dont deux à Tighremt et le troisième à Beni K’sila, en plus de deux autres projets qui seront lancés d’ici la fin de l’année. Dans le cadre de la pisciculture intégrée à l’agriculture, des opérations d’empoissonnement ont été menées dans 20 bassins d’irrigations destinés aux fellahs. Concernant les espèces de poissons mises dans les bassins, il s’agit du tilapia rouge et de la carpe commune. En plus des 20 bassins, nous avons aussi empoissonné le barrage de Tichy-Haf et deux retenues collinaires, l’une à El-Kseur et l’autre à Toudja. Et l’irrigation des terres avec l’eau des bassins empoissonnés présente un double intérêt, d’une part, économique et, d’autre part, biologique avec les déjections des poissons.
Comment expliquez-vous le prix du poisson, notamment celui de la sardine, qui est très irrégulier ?
Le prix du poisson varie en fonction de la production, c’est-à-dire de l’offre et de la demande. Ces derniers temps, soit depuis le mois de septembre, les prix sont devenus, en général, abordables aux consommateurs par rapport aux autres mois de l’année. La raison principale de l’augmentation des prix du poisson est due à l’intervention de beaucoup d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Par ailleurs, la ressource halieutique est en diminution constante en Algérie comme dans le reste du monde. Actuellement, la production nationale tourne autour de 100 mille tonnes par an, et l’objectif assigné par les pouvoirs publics est de 200 mille tonnes. Pour arriver à ce résultat qui est, à juste titre, le double de la production actuelle, le seul palliatif reste le développement de l’aquaculture.
Les armateurs de pêche vous reprochent dans une déclaration rendue publique votre refus de collaboration, allant même jusqu’à parler de «fermeture de toutes les portes du dialogue» de votre part. Vous répondez quoi ?
Nous avons au niveau de la wilaya cinq associations qui activent dans le secteur de la pêche, à savoir deux à Béjaïa, une à Tala Yilef, une autre à Toudja et la dernière à Beni K’sila. Ceux qui se plaignent sont les armateurs de pêche du port de Béjaïa. Nous les avons reçus et tous les malentendus ont été levés. Leur problème est la mise en place d’une potence sur des bateaux acquis dans le cadre de la Cnac et de l’Ensej. Il leur est demandé de se rapprocher d’un expert maritime pour juger de la faisabilité de la mise en place de cette potence. Par ailleurs, la vulgarisation des nouveaux textes régissant l’organisation des élections du bureau de la Chambre de la pêche et de l’aquaculture est en cours par voies de réunions et d’affichage.
Donc vous pensez qu’il s’agit plus d’un problème de communication. Du coup, y a-t-il autre chose que vous voudriez évoquer éventuellement ?
Tout à fait. Je voudrais parler du pôle d’activités industrielles de la pêche et de l’aquaculture. Il y a désormais 20 hectares dans la commune de Beni K’sila qui ont été affectés par monsieur le wali pour la fabrication d’aliments du poisson, de filets de pêche, de cages flottantes, ainsi que toutes les industries ayant trait à la pêche et à l’aquaculture.
Entretien réalisé par B. Mouhoub