Les menuiseries à l’arrêt

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En raison du manque de la matière première, les menuisiers de la région d’Aïn El Hammam, comme ceux probablement des autres régions du pays, se retrouvent au chômage depuis plusieurs mois. Leurs fournisseurs au niveau des ports n’ont plus de bois à leur vendre «depuis que les importations ont été suspendues», leur explique-t-on. «Eux aussi, comme nous, attendent que le gouvernement leur permette d’en importer», dit Amara, un menuisier de la région. Le bois rouge utilisé en grandes quantités a complètement disparu de chez les grossistes. Ceux qui ont eu la bonne idée d’avoir des stocks le vendent à des prix trois à quatre fois supérieur au cours habituel. Le prix du madrier de 33 millimètres est multiplié par trois. Il est, ainsi, proposé à 1 200 DA le mètre linéaire, alors qu’il ne vaut, en temps normal, que 400 DA. La planche de bois blanc est passée de 240 dinars à 800 dinars. Même le contreplaqué est vendu au double de son prix. «Dois-je multiplier mes prix également ? De toute façon, les clients à qui je fais un devis ne reviennent pas et attendent de meilleurs jours», note Moumouh, qui ne possède, hormis des déchets de contreplaqué, qu’une seule planche dans son atelier. Cette pénurie risque de ralentir encore plus le bâtiment, déjà en perte de vitesse ces derniers temps. Si les petits auto-constructeurs peuvent surseoir à certains travaux, les entreprises de bâtiment tenues, quant à elles, tenues par des obligations de délais à respecter, se retrouvent dans l’impasse. En plus des portes et fenêtres qui doivent grever leur budget, les entrepreneurs sont contraints de payer le bois de charpente à des prix dépassant tout entendement. «Pour le moment, nous ouvrons juste pour maintenir en état nos machines et nettoyer l’atelier», ajoute notre interlocuteur. «Nous savons, par des indiscrétions, que l’importation reprendra. Cependant, nos sources nous indiquent que les coûts seront augmentés substantiellement», ajoute Moumouh. En attendant, la spéculation bat son plein.

A. O. T.

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