Rien ne va plus chez la SNC Lavalin. Après un court débrayage de deux jours, la société canadienne chargée de réaliser les travaux de transfert des eaux de Taksebt vers la capitale est une nouvelle fois à l’arrêt. Cette fois, la perturbation risque de s’inscrire dans la durée puisque les ouvriers excédés ont opté pour une grève illimitée dès hier matin.De fait, tous les chantiers de l’entreprise (ferraillage, canalisation, etc) ne fonctionnent plus. Les quelque 700 travailleurs répartis sur les différents sites de l’entreprise souhaitent par cette action, une réelle prise en charge de leurs revendications, lesquelles se résument en gros à des doléances sociofinancières.Mais avant d’en arriver là, ces mêmes ouvriers avaient déjà mené une grève de deux jours (voir nos éditions de mardi et mercredi derniers). Une action qui a pris fin après une rencontre avec le directeur des ressources humaines, affirment les grévistes. Ce dernier avait promis de satisfaire les 12 revendications contenues dans la plate-forme rédigée par les travailleurs. Seulement, ajoutent nos interlocuteurs, “le représentant de la direction a effectué une surprenante volte-face hier en remettant en cause tout ce qui a été discuté auparavant”. “Nous nous sommes donné rendez-vous pour la matinée de samedi aux fins de concrétiser officiellement les accords conclus lors de la première rencontre. Mais l’attitude de notre interlocuteur était tellement décevante qu’il nous parait désormais clair que la direction ne veut nullement respecter ses engagements. C’est ce qui nous a amenés à radicaliser notre action et à opter pour une grève illimitée”, fulmine un des ouvriers apparemment au bord de la colère.Mais ce n’est pas tout, ce qui a alimenté le courroux des contestataires, c’est cette fameuse note de service émanant de la direction et dont le ton est jugé “aux limites de la menace” par les travailleurs.Ce document dont nous avions pu avoir une copie, stipule entre autres recommandations qu’”il est demandé à chaque travailleur de prendre conscience que les perturbations créées aux chantiers de notre client Lavalin International nous seront dommageables et préjudiciables et pourraient compromettre le contrat de service qui nous lie pour ce projet. J’invite donc tous les travailleurs à reprendre le travail dans les meilleures conditions.” Ladite note signée par le directeur de SNC Lavalin Maghreb, M. Raymond Fortin, fait également état d’une mise en demeure adressée par Lavalin International (la société mère) exigeant le respect des engagements pris.Pour les travailleurs, ce n’est là qu’une manière de faire pression sur eux, alors que la direction, insistent-ils à croire, a tous les moyens à sa disposition pour désamorcer la crise.Pour ce qui des exigences des grévistes, il est à noter que celles-ci se résument à la confirmation des salaires après période d’essai, le payement des primes de rendement, la régularisation des horaires de travail à 40 heures par semaine, le paiement des heures supplémentaires à hauteur de 75%, l’octroi d’une prime de risque selon le secteur et la nature du travail, etc.Pour mieux illustrer la précarité de ces ouvriers, il suffit juste de savoir que, selon nos interlocuteurs, un salarié de l’entreprise Lavalin Maghreb travaille en moyenne 90 heures par semaine et que sur les 700 travailleurs de la société canadienne, près de 200 ne bénéficieraient pas encore de sécurité sociale.
Ahmed B.