Les montagnards au rythme de l’hiver

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Comme annoncé par les services de météorologie, la neige a fait son apparition, vendredi, non seulement sur le mont de Takintoucht, (1674 mètres d’altitudes) dans la commune de Kendira, mais aussi sur toute cette région de haute montagne.

Un joli manteau blanc a changé le décor d’automne et ses feuilles d’arbres jaunes comme un indice d’un hiver proche, sinon de son arrivée précoce, vu le froid glacial qui règne depuis quelques jours. Aussi, ce sont les habitudes des citoyens qui changent pour suivre le rythme du climat, et l’on est devenu tels des inconditionnels des bulletins météos pour en faire le programme du lendemain. «Je ne rate pas les bulletins météos de nos chaines et des chaines étrangères, notamment de la France pour savoir exactement de quelle manière devons nous affronter les jours qui viennent», dira Kamel un habitant de cette localité qui avoue avoir déjà pris les dispositions nécessaires pour affronter l’hiver. Des habits, notamment pour les enfants, des appareils de chauffage à changer ou à nettoyer et installer, des combustibles et bien sûr des denrées alimentaires et autres médicaments quelques fois. Dans ces patelins montagneux, l’hiver se prépare dans le moindre détail, notamment par le matériel de déneigement. «Juste à la déclaration du prochain épisode neigeux, ma pelle est mise derrière la porte de la maison, comme ça je ne risque pas d’être prisonnier de la neige», avoue un autre citoyen qui s’est mêlé à la discussion avec Kamel. Et à chaque période ses exigences, l’hostilité de l’hiver crée chez l’homme une certaine rigueur dans ses mesures et ses dispositions pour éviter ou échapper aux difficultés qui en découlent. Aussi, la saison hivernale est synonyme de changement des habitudes alimentaires, où l’on entreprend le stockage des produits de terroir et autres féculents, en prévision d’éventuelles pénuries. «C’est une question d’habitude, à l’approche de l’hiver nous préparons nos réserves en café, sucre, tomates concentrées, riz, légumes secs et bien sûr pâtes et huile pour ne pas être dans le manque surtout qu’on craint le blocage des routes», ajoute notre interlocuteur. Dans cette région haut perchée, comme ailleurs, l’on est resté enfermé et bloqué chez soi pendant quelques jours où certaines localités connaissent d’importantes chutes de neige rendant difficile toute tentative de déneigement. À prendre toutes ces données, sans compter le blocage des malades, des élèves et des travailleurs, l’on déduit que l’hiver et surtout les chutes de neige constituent une équation à plusieurs inconnues que le montagnard tient à résoudre chaque année. C’est cela même qui fait songer à accélérer, dans la commune de Kendira et ailleurs, les travaux de raccordement au gaz de ville qui trainent en ce moment, car il s’agit de mettre fin au calvaire de l’achat des bonbonnes de gaz butane en pleine tempête de neige. Sachant toutes les misères vécues par ces villageois en hiver, les pouvoirs publics devraient trouver des solutions à même d’améliorer le cadre de vie des habitants en haute montagne et, partant enrayer l’exode rural et désengorger aussi les villes. Le froid et la neige obligent cependant les gens à passer plus de temps chez eux qu’à l’extérieur comme au bon vieux temps pour renforcer les liens familiaux et retrouver ainsi le gout d’autrefois. Les chutes de neige, ce n’est pas toujours synonyme de souffrance mais aussi un indice d’une saison généreuse qui permet d’augmenter le niveau des nappes phréatiques, irriguer le sol, donner un bon souffle de santé et de vitalité à la nature et transformer des endroits montagneux en lieu de loisirs, de villégiatures qui pourraient devenir une autre forme de richesse et de développement. Pour le moment, cette première apparition de la neige fait ranimer les discussions autour de ce projet de gaz de ville, attendu depuis maintenant 3 années.

Nadir Touati

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