Après une semaine agitée, le calme est enfin revenu, avant-hier jeudi, au chef-lieu de la wilaya de Bouira. En effet, aucun mouvement de foule ou d’affrontement entre les forces de l’ordre et des manifestants n’ont été enregistrés durant toute la journée du jeudi. L’important dispositif sécuritaire était, cependant, renforcé dans l’ensemble des quartiers de la ville, sur les routes et aux alentours des institutions et des places publiques, par crainte de nouveaux débordements. Pour rappel, depuis l’interdiction, le lundi 11 décembre dernier, d’une marche des étudiants pour la généralisation de l’enseignement de tamazight, plusieurs débordements et des affrontements violents ont été enregistrés à Bouira. Des affrontements d’une rare violence ont été aussi enregistrés, mardi dernier, entre étudiants des organisations UGEL, UNEA et des étudiants partisans de la cause amazighe. Des évènements qui ont provoqué des blessures à trois étudiants et des dégâts matériels à l’intérieur du principal campus de l’université Akli Mohand Oulhadj. Suite à ces événements regrettables et face à la montée en puissance de rumeurs sur les réseaux sociaux, de la désinformation et des appels à la violence et à la haine, le conseil d’administration de l’université a décidé, tard dans la soirée de lundi, de suspendre toutes les activités pédagogiques et scientifiques, et de fermer les deux campus de l’université jusqu’à nouvel ordre. Malgré cette décision radicale, des affrontements entre policiers et manifestants ont été enregistrés juste au lendemain, dans plusieurs quartiers de la ville de Bouira, notamment près de la cour de justice, du quartier des 140 logements et près du siège de la wilaya. Durant toute la journée du mercredi, les citoyens de la ville et de la wilaya de Bouira ont vécu sous le rythme de marches spontanées, notamment des écoliers. À noter, par ailleurs, que plusieurs manifestations d’écoliers ont été enregistrées durant la journée d’avant-hier, notamment à Haïzer, Bechloul, Ath-Leqsar et Bouira. Ces marches ont été encadrées par les services de sécurité et aucun incident n’a été enregistré, alors que les élèves de la majorité des établissements scolaires de l’Est et du Nord de la wilaya ont reconduit leur grève initiée depuis jeudi dernier.
Partis politiques, associations et étudiants s’impliquent
Depuis le début de ces événements, plusieurs partis politiques se sont mobilisés pour apporter l’apaisement et calmer les esprits. Des partis politiques, comme le FFS, le RND, le RCD et le MSP ont fait appel à la vigilance et à la sagesse. L’association des citoyens de la ville de Bouira a publié une déclaration, avant-hier, en appelant l’ensemble des citoyens de la wilaya de Bouira à plus de sagesse et de vigilance. La association a fait, aussi, appel au boycotte des médias et des réseaux sociaux qui font la promotion de la haine et véhiculent de fausses informations sur ces événements : «Bouira a toujours été un fief des luttes démocratiques et nationalistes. Les citoyens de la wilaya ont toujours vécu en harmonie et jamais dans notre histoire, nous avons vécu ce genre d’incidents déplorables. Ces mensonges véhiculés par certaines pages Facebook et certains médias, ne sont autres que l’œuvre d’un projet de déstabilisation et de division. Nous appelons les citoyens de la wilaya de Bouira, plus particulièrement les parents et les membres d’associations, à s’impliquer énergiquement pour ramener le calme et la sérénité pour notre ville et wilaya», ont-ils écrits. De leur côté, les étudiants de la coordination libre (initiatrice des deux marches du 11 et du 12 décembre derniers), ont fait aussi appel au calme et à la sagesse, à travers un communiqué publié sur leur page Facebook. Ces derniers, qui ont aussi réclamé la réouverture de l’université de Bouira, ont appelé les étudiants à «ne pas répondre aux provocations et à poursuivre leur lutte pour la généralisation de l’enseignement de tamazight dans un cadre pacifique et académique», ont-ils souligné.
O. K.