Dans la wilaya de Bouira, l’année 2017 a été marquée par beaucoup d’événements, entre autres, un nouveau wali, la pénurie d’eau durant la saison estivale, les grèves à répétition, des protestations, les élections locales et des marches pour la promotion de tamazight.
Départ de Cherifi et l’arrivée de Limani
L’année 2017 a vu l’installation d’un nouveau wali, Mustapha Limani en l’occurrence, à la tête de la wilaya de Bouira à la faveur d’un vaste mouvement dans le corps des walis décidé en août dernier par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. M. Limani, qui était en poste à Adrar, succède ainsi à Mouloud Cherifi muté lui dans la wilaya d’Oran. Ce dernier, faut-il le souligner, est resté moins d’une année à Bouira où il s’était illustré par le lancement de vastes campagnes de nettoyage à travers les quatre coins de la wilaya. À son arrivée à Bouira, l’actuel wali Limani devait gérer des dossiers chauds, notamment celui des logements sociaux. Dans la commune de Bouira, la situation a été particulièrement délicate car des centaines de demandeurs attendaient depuis des années l’affichage de la liste des bénéficiaires. En septembre, une liste de 814 bénéficiaires a été affichée. Une fois n’est pas coutume, aucun incident n’a accompagné cette opération. Ceci dit, les services de la wilaya ont enregistré près de 4 000 recours. C’était là un premier test pour le nouveau wali juste après son installation. Mustapha Limani a multiplié, dans les semaines qui ont suivi, les visites de terrain aux quatre coins de la wilaya, pour voir de près les problèmes des populations. L’un des plus préoccupants reste celui de l’approvisionnement en eau potable.
Un été rythmé par les pénuries d’eau
Les pénuries de l’eau potable ont encore une fois rythmé, durant tout l’été 2017, le quotidien des habitants de Bouira et plus particulièrement ceux de la région Est. À M’Chedallah, Saharidj, El-Adjiba, Ahnif et Aghbalou, des citoyens excédés par les pénuries ont protesté à plusieurs reprises pour réclamer de l’eau dans les robinets. Les responsables du secteur, qui n’ont pas pris les devants avant l’arrivée de la saison chaude, étaient débordés devant l’ampleur des réclamations et n’arrivaient pas à gérer le problème. Encore une fois, l’épisode de la crise d’eau de l’été 2017 a montré les limites de la gestion d’un secteur névralgique dont les gestionnaires ne cessaient de rappeler l’importance des capacités hydriques dans la wilaya (Trois barrages totalisant près de 800 millions de mètres cubes). Les pénuries ont levé le voile sur une répartition approximative de la ressource, un manque en ouvrage de stockage et aussi et surtout l’incapacité à trouver des solutions idoines pour limiter la crise. Des lacunes que Mustapha Limani a eu à vérifier lors de deux visites effectuées à Aomar et à Aghbalou, où il a pressé les gestionnaires du secteur de faire le nécessaire pour y remédier en les exhortant de prendre les devants et s’y mettre au travail avant l’arrivée du prochain été.
Grèves et actions de rue : le Front social en ébullition
L’année 2017 a connu aussi son lot de fermetures de routes, d’administrations publiques et de sit-in. Périodiquement, des populations recourent à ce genre d’actions, parfois extrêmes, pour réclamer la prise en charge de diverses préoccupations. Celles-ci ont souvent trait à l’absence du gaz, de l’eau, à l’aménagement et à la dégradation de leur cadre de vie. Le secteur de l’éducation n’est pas en reste, puisqu’il a été secoué par plusieurs grèves à la rentrée scolaire. L’absence de cantines scolaires, le retard mis parfois pour leur ouverture, l’absence du chauffage et du transport scolaire et la dégradation des infrastructures scolaires… étaient autant de problèmes à l’origine de cette grogne. Dans bien des cas, c’est l’absence de l’encadrement pédagogique et administratif mais aussi l’instabilité chronique touchant les établissements qui en sont les sources de la colère. Dans le cycle secondaire, c’est le dossier des exclus qui a défrayé encore une fois la chronique.
Locales de 2017 : Le RND prend l’APW, le FFS récupère l’APC de M’Chedallah
Cette fin d’année 2017, qui a vu la tenue des élections locales du 23 novembre dernier, a connu son lot de surprises. Le scrutin a, pour ainsi dire, redessiné la carte politique dans la wilaya. À l’assemblée populaire de la wilaya de Bouira, c’est le RND qui a, à l’issue d’une alliance avec le FFS et le TAJ, repris la présidence de l’APW. Il faut dire que lors des deux derniers mandats, c’est le FLN qui a raflé la présidence de l’APW. Désormais, c’est Ahmed Boutata, élu RND, qui préside l’APW de Bouira. Les municipales ont permis également au FFS de récupérer trois assemblées communales à l’Est de la wilaya. Il s’agit de celles de Chorfa, Saharidj et de M’Chedallah. Cette dernière, une des plus importantes de la wilaya, était aux mains du RCD durant les mandats 2007-2012 et 2012-2017. Le RCD récupère celle de Chorfa qui était aux mains du RCD et perd celle d’Aghbalou au profit du RCD. Le FFS garde aussi celle de Taghzout. Le RCD qui récupère celle d’Ath Mansour perd celle de Haïzer où il n’a obtenu aucun siège. À El-Adjiba, Bechloul et El Esnam, le RND a fait une percée remarquable en raflant ces trois communes. Le parti d’Ouyahia reprend à cette occasion l’APC du chef-lieu de wilaya, Bouira au FLN qui l’a présidé durant deux mandats. C’est Larbi Mohammed, ex-maire FLN de Bouira, à deux reprises, qui devient maire de Bouira mais sous les couleurs du RND cette fois-ci. Le MPA prend, lui, la commune de Lakhdaria qui était aux mains du FFS.
Marche des étudiants pour la promotion de tamazight
La fin de l’année 2017 a été très mouvementée. En effet, au cours de ce mois de décembre, des étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj, auxquels se sont joints des élus et la société civile, ont marché dans la ville de Bouira pour réclamer la généralisation de la langue amazighe. Après une tentative de marcher empêchée par la police, les étudiants ont récidivé le lendemain en battant le pavé au cours d’une marche qui les mènera du campus universitaire jusqu’à l’esplanade de la wilaya. Ceci dit et à leur retour dans le campus, des voyous appelés en renforts par des organisations syndicales étudiantes de la mouvance islamiste étaient à l’origine de nombreuses agressions à l’arme blanche, dont étaient victimes quelques étudiantes. Ces incidents ont contraint l’administration de l’université Akli Mohand Oulhadj de fermer le campus et de suspendre les cours jusqu’au retour des vacances d’hiver. Le lendemain de la marche, des événements ont éclaté au centre-ville entre manifestants et forces de l’ordre et ont duré une bonne partie de la journée. Malgré les appels au calme, la tension était restée palpable, surtout dans la ville de Bouira. La semaine d’après, une tentative des étudiants d’organiser une nouvelle marche a été de nouveau avortée. Des dizaines d’interpellations ont été opérées par la police, parmi les manifestants qui seront relâchés dans la soirée de la même journée. Malgré le retour au calme, un impressionnant dispositif de sécurité est resté déployé en ville et dans ses alentours.
Jeu «Le défi de la baleine bleue», plusieurs victimes à déplorer
En 2017, la wilaya de Bouira, et à l’instar de nombreuses wilayas du pays, a enregistré de nombreuses victimes du jeu «la baleine bleue». En effet, en l’espace d’une semaine, pas moins de quatre cas ont été enregistrés au quatre coins de la wilaya. Les trois premières victimes, une lycéenne et deux collégiens âgés entre 13 et 17 ans, sont originaires d’Ain Laloui et Souk El Khemis, deux localités situées au sud de la wilaya. La dernière victime en date remonte à jeudi dernier et il s’agit d’un jeune de 21 ans, habitant la localité de Lakhdaria. Les quatre victimes sont des addict de ce jeu dangereux qui peut mener ses adeptes jusqu’au suicide. Le jeu, téléchargeable sur le net, propose des défis à relever dont l’un d’eux est un tatouage que les victimes gravent à l’aide d’un objet tranchant sur le bras. Les quatre victimes de Bouira portaient toutes des desseins similaires sur la main. Ce n’est la vigilance des camarades de classe, amis et enseignants, les victimes auraient pu mettre fin à leur vie. La détection de ces cas précocement a permis l’hospitalisation des victimes et leur suivi psychologique. Dans le milieu scolaire, des appels à la vigilance ont été lancés à l’adresse des élèves et de leurs parents pour écarter tout danger.
Djamel Moulla

