Le Premier ministre, qui s’est présenté devant les médias nationaux, conforté de l’appui du président de la République, a clairement affiché sa fermeté contre « les déclarations des uns et des autres ». Les récentes sorties médiatiques de Ali Benhadj et de Abdelhak Layada, deux responsables du parti dissous, ne sont pas de son goût, et il a tenu à l’exprimer. Pour lui, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est un tout. L’Etat a tenu ses engagements, a-t-il soutenu, mais « il revient aux autres de faire de même « .Cela n’est qu’un prélude, puisque le même Ouyahia revient à la charge pour marteler à plusieurs reprises que « l’Etat va appliquer la Charte dans le texte et dans l’esprit ». Autrement dit, et il a tenu à l’exprimer, l’Etat a libéré les terroristes, mais ces derniers doivent, en contrepartie, respecter les termes de la Charte qui parlent d’interdiction de faire de la politique aux » responsables de la tragédie nationale ». Le chef du gouvernement, qui a exclu la libération de Lambarek Boumaârafi parce qu’il a « assassiné un président de la République », a conforté son ministre de l’Intérieur quant au retour des responsables du FIS à l’activité politique. « La politique est interdite à ces gens-là », a-t-il réaffirmé tout en expliquant que la période actuelle « est celle de flottements », puisqu’elle a suivi juste l’opération des « libérations ». Et pour tout conclure, le chef du gouvernement a lâché cette phrase catégorique : « l’Etat n’acceptera pas l’anarchie et le retour aux années 1990 ».Au même temps qu’il rappelle à l’ordre les islamistes, Ahmed Ouyahia, a stigmatisé le silence des démocrates et la presse qui « courent derrière ces gens ». « Il y a une somnolence de certains qui attendent à ce que l’Etat fasse quelque chose à leur place. La nature à horreur de vide, et c’est valable même en politique », a-t-il soutenu avant de préciser que « l’Etat n’a pas fait la charte pour régler un problème politique mais pour anticiper la fin du terrorisme ». Et c’est justement à ce sujet que le premier ministre a rappelé que « l’Etat combat et combattra le terrorisme ». « Nos troupes sont toujours sur le terrain et nous comptons chaque jour nos morts et le nombre de terroristes abattus ». Ouyahia, qui a probablement pris le soin de clarifier les propos de Zerhouni sur le nombre de terroristes en activité, a confirmé le chiffre de son ministre de l’Intérieur qui a situé le nombre d’activistes entre 700 et 800 individus. « Durant la campagne référendaire, nous avions parlé de 1000 personnes, mais avec les redditions et les opérations de l’armée, ce chiffre a été ramené à la baisse », a déclaré le chef du gouvernement.Sur le plan de l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Ouyahia, a démenti l’information selon laquelle des terroristes libérés seront indemnisés. « Il n’y aura pas d’indemnisation et les décrets d’application sont clairs », a-t-il expliqué avant de donner un autre argument, politique cette fois-ci : « C’est un Etat qui a triomphé sur le terrorisme qui prend des mesures de clémence », dit-il et de poursuivre que les familles des terroristes « seront prises en charge à titre de solidarité nationale ». Quant à la réintégration des travailleurs licenciés, Ouyahia a précisé que ceux qui occupaient des postes sensibles ne seront pas réinsérés, parce que, a-t-il encore soutenu, « nous n’allons pas offrir la tribune d’une mosquée à ceux qui prêchaient le terrorisme ». Le conférencier a d’ailleurs révélé au passage qu’un conseil du gouvernement consacré à la question est prévu aujourd’hui, avant de soumettre le texte au conseil des ministres samedi prochain.
Ali Boukhlef