Aissa Amroune et la passion anthropologique

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Aissa Amroune, maçon de son état, n’a pas cessé depuis des années de multiplier les fouilles, d’étudier l’âge des arbres et d’interroger les sites et monuments pour retrouver les origines et l’histoire de sa ville natale, Aokas, ayant porté d’autres noms par le passé. Par ce travail, Aissa veut inciter les jeunes et les moins jeunes, notamment universitaires, à contribuer à l’écriture de l’histoire de leur commune et les traditions de la tribu autochtone constituée des Ath M’hend. Il semblerait, selon ce néo-historien, que ces derniers sont issus d’une fratrie de sept membres. Le mausolée Sidi Rihane est unificateur au point où on parle, à ce jour, des sept marmites de Sidi Rihane, allusion aux descendants des sept frères qui y organisent des dîners de solidarité dans la convivialité. Pour notre interlocuteur, cette histoire, l’une des plus profondes dans la région, ne doit pas être enterrée et ensevelie ; ses enfants doivent la ressusciter. Aissa Amroune se dit disponible à faire part de ses notions en la matière au profit de toutes les personnes intéressées par l’écriture de l’histoire de cette belle station balnéaire. Il donnera, toutefois, sa vision de l’histoire de sa région natale. Dès l’arrivée de la France à Alger en 1830, la force coloniale s’est dirigée vers Bougie pour l’assiéger en 1848. L’armée installe ensuite son camp au lieu-dit la fontaine des oiseaux (Tala Igtat). Elle mettra, ensuite, plusieurs mois pour entrer sur Tizi Naith M’hend, Aokas actuelle. Les Ath M’hend, jaloux de leur territoire, ont été un grand obstacle aux forces coloniales, en organisant des embuscades sur le seul chemin qui mène à ce village, appelé Abrid Oughilas. C’est grâce à l’aide des voyageurs, qui connaissent d’autres chemins, que l’armée française a fini par assiéger Aokas à la fin de l’année 1850. Cela pour dire que les descendants des sept frères, composant la tribu des Ath M’hend, étaient solidaires et unis entre eux. D’après notre interlocuteur, qui s’est référé à l’histoire et à certaines traces et traditions, les Ath M’hend ont habité Aokas il y a de cela 3 000 ans. Avant de s’installer à Ansa, qui veut dire en tamzight «camping temporaire», ils étaient à Laanesser Imoula, près de Kefrida, avant d’aller se réfugier à Agni, puis Tamrissout, ensuite Tafirourt, Tamezgart et, enfin, s’installer à Talekkat en passant par Taghzouyt Imoula. Selon celui-ci, la moitié du territoire a été habitée par les Izeghmar, plus particulièrement au lieu-dit Tigsirt Ifouza. Aissa Amroune lance un appel à l’ensemble des férus de l’histoire, et ce, pour étudier ses écrits et faire des recherches pour écrire l’histoire millénaire des Ath M’hend.

A. Gana

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