Le 56ème anniversaire de l’assassinat des six Inspecteurs des centres socio-éducatifs a été commémoré sous le thème «Un engagement pour une œuvre éducative et culturelle».
Plusieurs sites ont abrité les festivités de cette commémoration. La bibliothèque principale de lecture publique de Tizi-Ouzou a abrité, dans l’après-midi de mercredi dernier, une table ronde autour de la vie et l’œuvre des six Inspecteurs. Elle fut animée par Mohamed Hamoutène, fils d’Ali Hamoutène, Mme Zemirli, enseignante, et M. Attaf Mohamed, écrivain. Ali Feraoun, le fils de Mouloud Feraoun, était lui à Tizi-Hibel, pour des activités de commémoration dans le village natal de son père La directrice de la culture, Mme Nabila Gouméziane, ouvrit la séance, retraçant la mission entreprise par les six Inspecteurs des centres socio-éducatifs. Puis, elle détailla le programme arrêté pour la commémoration de cet anniversaire. Mohamed Hamoutène prendra ensuite la parole, développant en détails les circonstances de la création des centres sociaux, le travail entrepris et la journée fatidique du 15 mars 1962, journée de l’assassinat des six Inspecteurs. Il s’agissait pour rappel de 3 Français et 3 Algériens : Robert Eymard- Marcel Basset- Max Marchand- Mouloud Féraoun – Ali Hamoutène et Salah Ould Aoudia. Mohamed Hamoutène commença son récit des faits : «L’initiatrice de la création des centres socio-éducatifs était Germaine Tillon, une amie de l’Algérie, qui fut interpellée par les conditions sociales dans lesquelles vivaient les populations démunies : chômage, illettrisme, misère… 90 % des enfants n’allaient pas là l’école. Le retard à rattraper était titanesque. Elle eut la géniale idée de créer des centres socio-éducatifs qu’elle soumit aux autorités française d’alors, personnifiées par Jacques Soustelle. Ce dernier donna son accord et les centres socio-éducatifs furent placés sous la tutelle du l’éducation nationale, tout en en écartant toute tendance politique, y compris l’armée qui devrait être en dehors du projet. La première difficulté fut le recrutement des enseignants. Les centres sociaux comprenaient 16 membres toutes tendances comprises. Les accords d’Evian, en préparation, les ennemis de l’Algérie passent à l’action sous les ordres du général Salan et d’autres qui dirigeaient l’OAS. Jacques Soustelle fut remplacé par Robert Lacoste qui n’arrivait pas à digérer l’indépendance de l’Algérie. Le commando suit les instructions de Salan : s’attaquer aux personnalités intellectuelles». Le conférencier relatera ensuite les arcanes de l’assassinat : «Une liste de noms connus des services fut établie et ciblée. Six d’entre eux furent interpelés et sommés de sortir. Dos au mur, ils furent abattus d’une rafale de balles. L’acte criminel fut commis». Mohamed Attaf, à son tour, apporta quelques éléments sur la biographie d’Ali Hamoutène et releva «les efforts entrepris par Germaine Tillon qui réussit à convaincre Jacques Soustelle de créer ces centres sociaux qui ont rendu beaucoup de services aux populations démunies». Mme Zemirli, quant à elle, abordera l’enseignement de l’Histoire : «Pourquoi nos enfants n’aiment pas la matière Histoire ? Ils rejettent cette discipline alors qu’ils apprécient les contes, les légendes…», s’est-elle interrogée. Elle préconisera : «Les enfants s’identifient à certains personnages, il faut donc raconter l’histoire et non l’enseigner !». Les intervenants s’accorderont à dire : «Il faut mettre en valeur ces hommes qui ont défendu les bonnes causes et les droits des démunis. Il est temps que les hommes de la pensée écrivent sur eux !». Par ailleurs, le CEM Mouloud Féraoun, de Tizi-Ouzou, a abrité une exposition autour de la vie et l’œuvre des six Inspecteurs : «Nous avons préparé cet évènement que nous célébrons chaque année, en collaboration avec la direction de la culture et la direction de l’éducation», nous dira d’emblée le directeur de cet établissement, M. Ahmed Chebli. Une exposition sur la biographie des six Inspecteurs assassinés occupait largement le hall d’entrée du CEM, avec des objets artisanaux et autres œuvres confectionnés manuellement par les élèves. Notre interlocuteur nous apprendra également : «Un concours a été organisé pour désigner la meilleure écriture ou illustration sur la vie et l’histoire des six Inspecteurs, des portraits soit au crayon, soit à la peinture, portant la biographie dans les trois langues, amazighe, arabe et française. Les résultats du concours furent révélés, jeudi. Il y eut 3 lauréats pour l’écriture et trois autres pour l’illustration». Le directeur nous confiera par ailleurs la participation du CEM Mouloud Feraoun au Festival national de dessin qui aura lieu à Médéa. Nous apprendrons également que la chorale du CEM a participé aux festivités de commémoration qui se sont déroulées, dans la journée d’avant-hier, au village Tizi-Hibel, où eut lieu un recueillement et un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe de défunt auteur de «Le fils du pauvre».
M A Tadjer

