Hommage aux martyrs du Printemps noir

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Placé sous le signe du souvenir et de l’union, le cinquième anniversaire des deux martyrs du Printemps noir, en l’occurrence Mesbah Abdelkrim (dit Krimou) et Chekkal Rachid, a été commémoré par la fondation Ath Abbas le dix-neuf du mois courant à Guendouze, chef-lieu de commune d’Ait-R’zine. En effet, une exposition photos et une projection vidéo, rappelant les événements historiques qui ont secoué la Kabylie en 2001, ont été organisées dans l’enceinte de l’école Amirouche de Guendouze. A 13h, une marche a démarré de la même école pour se diriger vers la tombe de Krimou, au cours de laquelle sont scandés les slogans chers au Mouvement des arouchs. Une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe du défunt avant d’observer une minute de silence. Ensuite, les parents des martyrs du Printemps noir ont tour à tour pris la parole. Ainsi, Lhadi Mesbah, Chekkal Rabia, Sidhoum Abdenour, Nekkali Mnd Bachir et Fatiha Arab ont tenu à rappeler leur douleur de perdre un des leurs et l’idéal pour lequel se sont battus les jeunes du Printemps noir. “Nos enfants ne nous appartiennent plus, ils sont désormais fils de l’Algérie libre et démocratique », déclare Rabia Chekkal. « Nous ne devons pas perdre de vue que nos enfants sont tombés pour la liberté et la dignité et contre la hogra », souligne Sidhoum. Quant à Fatiha Arab, elle a profité de la tribune qui lui est offerte, pour entre autres lancer un appel pressant à tous les parents des victimes des événements de Kabylie à s’unir dans une association afin de protéger la mémoire des martyrs. Quant au dialogue entre le Gouvernement et le Mouvement des arouchs, les intervenants ont préféré mettre une sourdine à leur position tout en manifestant un certain scepticisme tant que « les promesses des gouvernants ne sont pas encore matérialisées par des actes concrets sur le terrain ». Juste après, la foule s’est déplacée à Tigrine, village du défunt Rachid Chekkal. « Assa azekka Rachid yella yella ! » et « Assa azekka Krimou yella yella ! », criait la foule dans une marche à travers les ruelles étroites du village. Ensuite, ce fut le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de Rachid, suivi d’une minute de silence et de quelques interventions. Retour à Guendouze où se sont déroulés une exhibition de kickboxing et de karaté et un gala artistique dans la soirée. Pour rappel, l’on se souvient des émeutes sanglantes qui eurent pour théâtre la ville d’Akbou les jours qui suivirent la marche historique du 14 Juin 2001. La tension monta encore d’un cran les 18 et 19 du même mois et plusieurs jeunes émeutiers furent tombés sous les balles assassines des forces de l’ordre. Le 19, à 13h 10, Krimou qui avait 20 ans, était à quelques encablures du commissariat de police d’Akbou où se sont déroulées les émeutes, il fut tué de deux balles alors qu’il n’avait pas fini de déguster un gâteau qu’il avait acheté dans une pâtisserie du coin. Une dizaine de minutes plus tard, un cri lugubre fusa à quelques mètres de là : deux balles atteignirent Rachid Chekkal, 24 ans, en plein poitrine, il succomba à ses blessures quelques instants après. Le jour de leur enterrement, le 22 juin, un monde fou accompagna les deux martyrs à leurs dernières demeures.

K. Kherbouche

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