À Azazga, sur les lieux du sinistre…

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Comme rapporté dans nos précédentes éditions, Azazga a connu lors des dernières intempéries des glissements de terrains qui ont causé des dégâts importants et des familles se sont retrouvées du jour au lendemain sans abris.

Ce phénomène géologique est récurrent dans cette région. Tout le monde se souvient de l’épisode de 2012 où il a fallu l’intervention des plus hautes autorités du pays pour remédier à la coupure de la RN71 et reloger les familles sinistrées. Mais six ans après, force est de constater que les études réalisées et les mesures prises, ainsi que les délégations dépêchées sur les lieux n’ont pas été pour une solution durable et globale. Les solutions pour endiguer ce phénomène n’ont visiblement pas été tranchées et mises en branle et pour preuve, la récurrence de ce phénomène géologique à chaque hiver rigoureux. Aussi, il est important de souligner que le facteur humain est un facteur aggravant. En effet, les déboisements anarchiques sur des sols fragiles, la déviation des cours d’eau et les terrassements sans études préalables ont amplifié ou créé des poches nouvelles de glissements de terrains. L’exemple le plus illustratif est le site appelé «Zzan». Comme son nom l’indique, ce site était jadis boisé de chêne zen mais qui a été transformé, dans un premier temps, en une décharge publique avant d’être fermé suite aux protestations des riverains. Au village Taddart, sur la route nationale N°12 à proximité du site qui devra accueillir un complexe sportif contenant entre autres une piscine semi-olympique, une salle de sport et une salle des fêtes, deux familles sinistrées ont été évacuées et relogées ailleurs.

Trois sites touchés !

M’henna, un retraité du Sud qui s’est installé depuis une vingtaine d’années dans cet endroit, ne cache pas son désespoir et son sentiment d’être livré à lui même. Les dégâts qu’a subis sa maison et celle de son oncle qu’on a dû évacuer et reloger ailleurs sont effrayants. Il affirme : «Le passage qui sépare ma maison de celle de mon oncle s’est rétréci de 65 cm. Avant, un semi-remorque pouvait passer mais avec le glissement, la maison de mon oncle a bougé et s’est complètement décalée». Le décalage de la maison est visible à l’œil nu et la structure endommagée par des ruissellements des eaux reste sous la menace d’un éboulement pendant. M’henna ne cache pas sa peur: «Je dors la peur au ventre car la maison de mon oncle risque de s’effondrer à tout moment, ce qui aura pour conséquence la destruction de la mienne». Quant aux causes de ce glissement de terrain, ce vieux retraité, qui a investi le fruit de toute une vie de labeur dans sa demeure, est catégorique : «Ça fait 20 ans que je vis ici et il n’y a jamais eu de problème. Mais depuis le commencement des travaux de terrassement du complexe sportif et la déviation du cours d’eau, ce phénomène est apparu. Il ne fait aucun doute que ce sont ces travaux qui sont à l’origine de cette catastrophe».

Le maire évite de se prononcer sur le cas du chantier du complexe sportif

Contacté pour connaître son point de vue sur cet aspect, le maire d’Azazga n’a pas voulu se prononcer. Il se contentera de dire que «les différents services de la wilaya dépêchés sur les lieux ne se sont pas encore exprimés, alors je ne peux pas me prononcer sur ce point pour valider ou invalider cette thèse». Au niveau de l’endroit cité, si la circulation a été rétablie ainsi que le réseau d’eau potable, les traces des éboulements sont encore visibles et le danger demeure. Deuxième site en mouvement non loin de là menace une maison mitoyenne au souk hebdomadaire. Un éboulement menace les fondations de cette maison. Une bâche en plastique recouvre la partie endommagée afin de limiter les effets d’une éventuelle pluie et la drainer plus loin. Rencontré sur les lieux, le propriétaire dit se démener depuis une semaine pour trouver une solution. «Les travaux effectués en contrebas de la maison sont la cause du glissement du terrain. Travaux effectués un vendredi et qui ont touché la base du mur en béton qui soutenait la terre». Quant à la solution préconisée pour remédier au calvaire de cette famille, un relogement temporaire au niveau de l’annexe de la mairie sise à Tizi Bouchène, du moment que les services concernés ne peuvent rien entreprendre de peur d’aggraver la situation. Mais une fois ces intempéries passées, l’APC a promis la réalisation des gabions pour conforter la maison. Troisième site touché est le quartier dénommé «La cité» qui est plus un ghetto réalisé au lendemain de l’indépendance et qui se compose quasiment que de vieilles bâtisses vétustes et précaires. Une de ces bâtisses menace de s’effondrer à tout moment. Des murs fissurés et un toit menace de céder. Seule solution envisagée le cas échéant, le croissant rouge, dont le siège se trouve juste en bas de cette habitation, se propose déjà d’héberger provisoirement les membres de cette famille. Dernier cas de mouvement de sol enregistré dans la commune d’Azazga, au village Cheurfa N Bahloul où une habitation a subi un éboulement qui a causé la destruction d’un mur d’une chambre. Sur ce cas, le maire d’Azazga dit que le sinistré est hébergé par un proche et que ce sont les services compétents qui vont préconiser la solution idoine pour la stabilisation de ce glissement. Pour terminer, il préconise la nécessité du déclenchement d’un plan ORSEC pour la région, ainsi que la dotation des communes d’engins et de matériels indispensables pour répondre dans les plus brefs délais et éviter des situations où la sécurité et la vie des citoyens sont en jeu.

M Ibersiènne.

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