C’est la saison des morilles, ces champignons qui attirent beaucoup de jeunes dans les champs. Cette année, la cueillette a commencé depuis la semaine dernière. C’est juste après quelques jours de soleil, qui succède aux pluies de la fin du mois de mars, que les morilles commencent à sortir du sol. Toutes menues à leur première poussée, elles prennent rapidement du volume après quelques jours. Cependant, il faut s’y connaître pour pouvoir les dénicher dans l’herbe où elles sont dissimulées. Depuis quelques jours, les jeunes enfants profitent des derniers jours de vacances pour ratisser les forêts et les abords des rivières à la recherche de ce produit si délicieux que les mamans feront cuire accompagné d’œufs. Un festin pour les fins gourmets. On se décide à descendre aux champs de bonne heure, «avant les autres» qui risquent de les ramasser toutes. On prend la précaution de se munir de pain, de fromage et de l’eau pour le déjeuner. Généralement, les champs prolifiques sont situés au bas de la vallée, aux endroits humides et ombragés. C’est vers ces endroits, où ils ont beaucoup de chance d’en trouver, que la plupart des villageois convergent dans l’espoir d’en ramener, de quoi agrémenter le dîner. C’est la course à qui en trouvera le plus. Certains y vont en famille, alors que d’autres préfèrent la compagnie de leurs camarades de lycée ou de collège. Il faut dire que la saveur de ce produit, qui pousse sauvagement dans les champs, fait oublier les difficultés de sa cueillette. En effet, pour arriver à les déguster, il faut, au préalable, braver les pentes abruptes des champs, les épines des ronces et la fatigue liée à la recherche. On sort généralement en groupe, rarement seul. Le «butin» de la fin de journée est partagé équitablement entre les membres de l’«expédition». Il faut toute la journée et beaucoup de chance pour récolter l’équivalent d’un repas. On croise des amis ou des gens du village qui viennent également pour la cueillette. On s’interroge sur le nombre de morilles ramassées : «J’en ai trouvé une vingtaine mais elles sont encore petites. Il faut attendre quelques jours de soleil pour les voir grandir et sortir de l’herbe», dit un jeune collégien qui n’en a récolté qu’une dizaine de toute la matinée, mais il ne désespère pas pour autant. Pour le moment, les chasseurs de champignons n’en ont pas trouvés des masses. Mais avec les pluies qui s’annoncent, ils finiront par les voir émerger dans les sous-bois. Ceux qui connaissent les meilleurs champs en reviendront avec des sachets d’une centaine d’unités plus ou moins grandes. C’est le maximum qu’on peut trouver. Mais ce n’est jamais suffisant pour un repas. Les mères de famille les font accompagner, selon des habitudes propres à chaque ménage, d’œufs, de frites, de poivrons à la tomate, ou encore de blettes.
A. O. T.