Grève et rassemblement du personnel

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Comme prévu à la veille des vacances, la reprise des cours n’a pas eu lieu hier dans l’ensemble des départements de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira.

En effet, les enseignants ainsi que les fonctionnaires ont observé, hier, une journée de grève, suivie d’un rassemblement de protestation devant le siège du rectorat, et ce, suite aux graves événements qui ont secoué la faculté des sciences économiques le 21 mars dernier. Pour rappel, le doyen de cette faculté a été séquestré pendant plus de 6 heures dans son bureau par un groupe d’étudiants affiliés à l’organisation UNEA. Pour fuir, le responsable n’avait d’autres choix que de sauter de la fenêtre de son bureau, sis au deuxième étage, chose qui lui a valu de graves fractures et trois mois d’indisponibilité. Les enseignants et les fonctionnaires grévistes ont participé, hier, en grand nombre au rassemblement de protestation, soutenu par les sections locales des syndicats CNES, SNEU et UGTA. À travers leurs interventions, les grévistes ont tenu à dénoncer ce qu’ils qualifient «d’acte grave» perpétré contre le doyen de la faculté des sciences économiques, avant de les traduire devant un conseil de discipline. Ils ont, aussi, appelé à prononcer des suspensions provisoires à l’encontre de douze étudiants auteurs de cet acte. Les protestataires réclament, par ailleurs, la délégation d’une commission d’enquête ministérielle afin de mettre la lumière sur «la détérioration du climat de sécurité au sein de l’université et sur la multiplication des actes d’agressions contre les étudiants et les enseignants». Les protestataires réclament, par ailleurs, le gel des activités de toutes les organisations étudiantes «qui activent dans l’illégalité» et qui sont, selon eux, responsables des actes de violence et d’agression au sein de l’université. Pour M. Outafat Youcef, coordinateur du CNES, l’acte subi par le doyen de la faculté des sciences économiques dépasse de loin l’acte d’agression. Il accusera ouvertement les auteurs de menacer le doyen de mort : «Ils l’ont malmené, séquestré et insulté pendant plus de 6 heures. Ils lui ont même interdit de bouger dans son propre bureau. Il a été ouvertement menacé de mort et l’ont terrorisé devant les agents de sécurité ! C’est cette peur qui l’a poussé à sauter du deuxième étage», affirme M. Outafat. Notre interlocuteur ajoutera que deux plaintes judiciaires ont été déposées par le doyen ainsi que le rectorat de l’université contre douze étudiants : «Le doyen de la faculté a déposé une plainte pour menace de mort, séquestration et diffamation, alors que le rectorat a déposé une plainte pour atteinte à un fonctionnaire et dégradation et occupation illégale de biens publics. Les douze étudiants, dont une étudiante, ont été tous auditionnés par la Police, et nous attendons la fin de l’enquête pour pouvoir les juger», soulignera notre interlocuteur qui réclamera, par ailleurs, une solution définitive aux problèmes d’insécurité au sein de l’université de Bouira.

«Cet acte fait mal et porte atteinte à l’image de l’université»

Contacté par nos soins, le nouveau recteur de l’université de Bouira, Pr Benali Chérif Noureddine, a affirmé que toutes les procédures réglementaires ont été entamées contre les étudiants auteurs de l’agression du doyen. Il affirmera que l’acte en question touche l’ensemble des enseignants, des étudiants et des fonctionnaires de l’université : «C’est un fait dommageable et désolant. Ça fait franchement très mal. Il porte aussi atteinte et préjudice à l’image de notre université et de toutes les universités algériennes», a déclaré Pr Benali, en assurant que ce genre d’acte ne sera plus jamais toléré à l’université de Bouira : «Certains étudiants profitent du principe de l’enceinte universitaire. Ce cadre devrait rester un haut lieu de savoir, de progrès et d’échange, nous nous devrons plus verser dans la violence. De nouvelles méthodes de communication et de discussions doivent être adoptées. L’université de Bouira doit être normalisée», a-t-il ajouté. Interrogé à propos des revendications des grévistes, notamment concernant le volet d’insécurité, le même responsable reconnaîtra que la situation que traverse l’université de Bouira demeure fragile. Il appellera à l’implication de tous les membres de la famille universitaire pour résoudre ce problème récurrent : «La sécurité est la responsabilité de tous les acteurs de l’université. Nous ne pouvons pas contenir l’énergie de plus de 23 000 étudiants avec seulement 100 agents de sécurité. Nous devons tous nous engager dans le processus de rétablissement des valeurs universelles de l’université et dans la normalisation de l’université», a-t-il encore ajouté.

Oussama Khitouche

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