Les douleureux souvenirs d’avril 1957…

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Entre le 11 et 12 avril 1957, le village d’Ath Maâmar, dans le douar de Boumahni relevant de l’actuelle commune d’Aïn Zaouïa et de l’ex-commune de Draâ El-Mizan, fut entièrement rasé par l’aviation française.

Soixante et un ans après, l’horreur est toujours gravée dans les mémoires des survivants. Pour commémorer cet événement douloureux, le comité de village, en collaboration avec les associations des moudjahidine, a tracé un programme riche et varié. Des tournois de football et de jeux d’échecs ont été organisés avant la commémoration. Aussi, un cross auxquels ont participé plusieurs jeunes du village, a été programmé pour la journée d’avant-hier. Alors que au café de « La place », l’on a assisté à une exposition de photos représentant les bombardements intensifs des hélicoptères, les opérations d’évacuation et la fuite des habitants vers des villages limitrophes notamment, ainsi que des coupures de journaux et les portraits des moudjahidine et des martyrs de la Révolution, dont les héros d’Ath Maâmar. Cette exposition a été l’occasion pour les jeunes de connaitre l’Histoire de leur pays. Ainsi, leur montrer le courage et la bravoure dont ont fait preuve leurs ancêtres. Au monument dédié aux 38 martyrs du village, l’on a procédé à l’inauguration des édifices qui ont été réaménagés. Après une minute de silence à la mémoire des martyrs et des victimes du crash d’avion, qui s’est produit mercredi dernier à Boufarik, et le dépôt de gerbe de fleurs devant le monument, des moudjahine ayant vécu cette journée de géhenne sont revenus longuement sur ces bombardements et sur la décision de l’armée coloniale de raser tout un village. «Notre village était rebelle. Tout se tramait dans ce douar. L’armée française subissait des pertes lourdes quand elle passait à Ath Maâmar et dans les alentours. Les militaires essayèrent de nous amadouer en utilisant tous les moyens afin d’étouffer l’engagement de nos moudjahidine et la collaboration de toute la population. À cette époque, notre village comptait deux cents personnes, soixante huit d’entre elles étaient dans les maquis alors que les femmes organisèrent les refuges. Les hommes restés au village s’occupaient du renseignement et du ravitaillement. Mais ce qui a été fait ce jour-là était une vengeance parce que le groupe de Slimani Moh Ouslimane avait tendu une embuscade à une jeep militaire qui se dirigeait à Taourirt, à bord de laquelle il y avait le capitaine Moreau. D’ailleurs, ce dernier a été tué dans cette attaque par le futur capitaine Si Moh Ouslimane qui récupéra l’arme du soldat français», témoignera l’un d’eux. Et un autre d’ajouter : «Cela s’est passé entre le six et le sept avril. Juste après ce guet-apens, ils nous donnèrent l’ordre de quitter les lieux. Nous n’avions pas où aller. Tout de même, la menace était grande parce que les militaires n’avaient pas de sentiments. Je me souviens que nous avions pris quelques effets vestimentaires et quelques figues sèches. Ce fut une famille proche qui nous a accueillis à Maâtkas. Quant aux autres familles, elles s’étaient dispersées dans tout le douar et ailleurs. Dès le 11 avril, les avions de chasse démolirent tout sous des bombardements intenses. Le 12 avril, il ne restait rien du village. Ce n’est qu’après l’Indépendance que nous sommes revenus pour construire des masures et des habitations de fortune». Si le comité de village veille à perpétuer cet engagement, c’est surtout pour que personne n’oublie ces événements car l’histoire s’écrit et se transmet. Ath Maâmar compte l’une des organisations sociales des plus disciplinée et la plus active du village. Il est aussi à souligner l’apport de tous les villageois pour instaurer un climat de fraternité et de convivialité. Cette bourgade a eu sa part de développement dans les différents secteurs, comme le raccordement au réseau de gaz nature, aussi, la réalisation d’une maison de jeunes par les villageois. Cette structure offre un espace aux jeunes pour pratiquer le sport, aux élèves de suivre des cours de soutien. C’est aussi l’endroit où s’organisent tous les événements collectifs. Amar Ouramdane

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