Les résidents tiennent à leur grève

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Par S. Ait Hamouda

Le violon d’Ingres de plusieurs Algériens se trouve dans leur propension à aimer ce qui les secoue et les malmène tellement durement qu’ils sortent comme après un bain. Rougeoyant, en forme, comme s’ils venaient de prendre une cure de jouvence. Cela n’a rien à voir avec ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Seulement entre les deux, ils y sentent un malaise si douloureux, qu’ils restent, geignant, souffrant et se tortillant de douleurs, jusqu’au suprême désagrément. Cela, ils s’y sont habitués, comme à une seconde vie, qu’ils doivent mener de charybde en scylla, leur embarcation, navigue à vue, vers n’importe où. Cependant, de la vie, ils en ont vu des vertes et des pas mûres, ils en ont bu le calice d’amertume jusqu’à la lie, et pleuré leur saoul jusqu’à l’ivresse. Qu’ils se tordent, comme des diables, rien ne les soulage, rien ne les calme, rien ne les amène à voir leurs existences, farfelus se rétablir de tant de douleur. Que leur pusillanimité reste au ras des pâquerettes et ne bouge pas un cil face à cette agression, il n’en demeure pas moins que leur résistance, se fiche des ahans répétés comme une litanie désaccordée et sans portée. Et se moque du monde qui l’entoure et le cerne jusqu’à le rendre aussi pensif qu’un yogi en état méditatif. Aujourd’hui que l’on prenne les moqueries dont on accable le pauvre peuple, comme une autodérision, ça ne rime à rien, si quand même, à cette chose près que l’on découvre à côté de sa couche au réveil, fourbu et ratatiné à tel point que l’on sache prendre la mesure de sa fièvre. Qu’importe le prix de la fève pour le commun des mortels dès lors qu’il possède de quoi les payer. Il lui importe peu ou prou pourvu qu’il ne s’agite point de la souffrance que lui cause une grève des résidents. Ils ne veulent rien entendre des appels de leur tutelle à la sagesse, à la pondération et à la compréhension de leurs compatriotes malades. Ils se complaisent dans leur «débraillage» inopportun…pour des médecins conscients et avertis.

S. A. H.

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