La fête de la poterie renaîtra-t-elle de ses cendres ?

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Aura-t-elle lieu ou pas ? C’est sans doute l’interrogation qui revient le plus non seulement chez les Maâtkis, mais également chez les nombreux férus de cet art traditionnel qu’est la poterie. Pour mémoire, c’est depuis les douloureux évènements du Printemps noir de 2001 que la célébrissime fête nationale de la poterie, traditionnellement organisée à Maâtkas, n’a plus revu le jour. Pas moins de neuf éditions ont été déjà tenues depuis sa création au début des années 90, et c’est un peu grâce à ce rendez-vous annuel que la circonscription de Maâtkas a pu sortir de son anonymat. Aujourd’hui, d’aucuns ne cessent de s’interroger sur son avenir, du moins dans le proche terme. Car, il mérite de souligner que la majorité des acteurs de cet événement a complètement changé d’horizons où disparu. Les nombreuses associations culturelles villageoises à qui revient incontestablement le mérite de l’avoir créée puis réussie, sont plongées dans une curieuse cataplexie. Et cette léthargie, précisément, a également frappé de plein fouet les artisans qui ne se comptent aujourd’hui que sur les doigts d’une seule main.Le président de l’APC de Maâtkas, Slimane Khermouche, conscient de la difficulté de la tâche et de la complexité de la conjoncture actuelle caractérisée par l’absence des services de sécurité compétents au niveau de la circonscription, ne cache plus d’ailleurs son incertitude, voire ses appréhensions quand il s’agit de se prononcer sur cette “fiesta” qui aura lieu ou pas. “Nous sommes, mes camarades et moi en train de réfléchir quant à l’éventualité de la tenir ou pas. Je ne vous cache pas que pour l’heure, rien n’est encore décidé car tout dépend de l’évolution de plusieurs paramètres, particulièrement celui inhérent à la sécurité !”, dira-t-il tout de go. En effet, nonobstant notre insistance sur le sujet, l’édile de Maâtkas ne dira pas plus : “Si une décision relative à sa tenue devait être prise, c’est certain qu’elle n’aura pas lieu de sitôt, probablement vers la rentrée, car nous avons besoin d’énormément de temps pour la perspective”. Ainsi, tout le monde est quasi-unanime pour partager l’avis du premier magistrat de la commune en avançant tous l’argument sécuritaire.“Pas de sûreté de daïra, pas de fête de poterie !” s’est exclamé un membre d’une association villageoise. En revanche, certains autres citoyens estiment que c’est regrettable qu’un si important événement soit renvoyé aux calendes grecques, d’autant plus que les deux autres fêtes d’arts traditionnels (bijou aux Ath-Yenni et tapis à Aït Hichem) vont avoir lieu.En somme, le suspense va certainement encore perdurer et nul n’est en mesure, actuellement, de se prononcer si la Xe (10e) édition de la fête de la poterie se tiendra cette année ou pas.L’art millénaire qu’est la poterie est en voie d’extinction, les assauts de la modernité ont pris le dessus sur cette pratique léguée de mère en fille depuis la nuit des temps. Un chercheur bien de chez nous n’a-t-il pas dit lors d’une édition ici à Maâtkas : “Soyons tristes d’être les témoins de l’oubli, mais de grâce soyons tout au moins fiers d’en être aujourd’hui les artisans de la mémoire !”. No comment !

Idir Lounès

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