Après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur de nombreuses régions du pays, vient enfin l’accalmie qui permet à la population d’Aïn El Hammam de sortir, et surtout aux paysans de se rendre dans leurs champs. Hormis les foins qui ont poussé très haut avant d’être couchés par les intempéries, au risque de pourrir sur pied, les agriculteurs constatent avec amertume que la récolte de cerises qu’ils attendaient, abondante cette année, est presque complètement détruite. La plupart des cerises ne supportant pas l’abondance de pluie sont avariées sur l’arbre. Le sol en est jonché. Les fruits qui pendent encore sont fendus et pourrissent avant de tomber à terre. Pourtant, avant les intempéries de ce mois de mai, la récolte s’annonçait prometteuse et les propriétaires de cerisaies se frottaient les mains à l’idée d’en tirer un rendement exceptionnel. Malheureusement, c’est au moment où les fruits commençaient à grossir que les phénomènes atmosphériques se sont succédé, sans arrêt, des semaines durant, pour compromettre la récolte. La grêle, inévitable au moment de «aheggan», une période qui arrive à la fin du mois d’Avril, a commencé le travail de destruction en faisant tomber de nombreux fruits et en abimant d’autres. Les trombes de pluies qui sont tombées quelques jours plus tard, ont achevé les fruits épargnés. Le «bigaro», cette variété de cerises précoces a été complètement anéantie bien que de loin, on aperçoive des arbres chargés de ces fruits rouges. Les agriculteurs qui se sont rendus dans leurs champs, nous rapportent que «les cerises sont craquelées, présentant des fentes verdâtres, signe de pourriture. Il en est de même des autres variétés, toujours vertes, mais tombant sans avoir atteint la maturation. Elles jaunissent et des points noirs apparaissent sur la chair abimée par la grêle. Pour les agriculteurs les plus optimistes, «Il y aura certainement quelques cerises rescapées par arbre mais ce sera très peu même pour notre consommation familiale», disent-ils. Pour les consommateurs, habitués à en acheter, le fruit local, très rare sera très cher. «Pour en manger, cette année, il faut attendre que les cerises de Khemis Miliana soient sur le marché», nous dit un agriculteur dépité. Mais, est-il sûr que cette région productrice également du fruit des anges, n’est pas aussi affectée par le même phénomène qu’Aïn El Hammam ?
A.O.T
