Le campus universitaire d’Aboudaou abrite, depuis hier, un colloque international dédié à la vie et à l’œuvre de Matoub Lounès, dont le 20e anniversaire de l’assassinat sera commémoré lundi prochain.
Plus d’une cinquantaine de communications, en trois langues, d’enseignants universitaires du pays comme du Maroc, du Canada et de la France, constituent le programme de ce colloque, qui s’étalera sur trois jours. Celui-ci se veut une occasion pour les spécialistes et amateurs de l’œuvre de Lounès Matoub d’échanger autour de sa biographie et des diverses facettes de son œuvre. Auteur de plus d’une centaine de chansons, dont l’impact social est retentissant auprès de la société kabyle, Matoub reste un philosophe en réalité méconnu. D’ailleurs «Matoub, un philosophe méconnu» est le thème de la première communication, faite par Ahmed Boualil, professeur à l’université de Tizi-Ouzou. Celui-ci dira que l’on a tendance à penser que ce qui oppose Aït Menguellet à Matoub se résume au fait que le premier privilégie la sagesse, alors que le second est plutôt un homme d’action. Pourtant, soulignera-t-il, l’oreille initiée peut déceler dans l’œuvre de Matoub beaucoup de sagesse philosophique. De son côté, Abdelmottaleb Zizaoui, professeur à l’université d’Agadir, du Maroc, a développé un thème sur l’œuvre et le combat de Matoub, en mettant en lumière des sujets évoqués dans ses chansons, notamment l’ironie du sort et l’éveil identitaire. Pour l’orateur, ces chansons dévoilent «son malaise quant à l’élimination de ceux qui ont sacrifié leur vie pour la libération du pays et la mise en valeur de ceux qui profitent de cette situation de l’Algérie post indépendante». Djamel Chikh, chargé de cours et assistant d’enseignement à l’université d’Ottawa au Canada, a disserté autour du «Poète engagé, homme révolté et asfel sacrifié ; Matoub ou le triple référent d’un imaginaire sociopolitique». Le conférencier dira que la référence Matoub dans l’imaginaire amazigh se fait à travers ses textes, «conformément à toute tradition du rôle de la poésie et de la chanson dans la revendication identitaire amazighe». En tant que chanteur, Matoub joue le rôle d’un leader d’opinion, comme la majorité des poètes, mais sa particularité se situe à travers sa condition d’homme révolté, (le Rebelle constitue un personnage-repère dans l’imaginaire social militant dont le rôle sociopolitique est cardinal). D’autres thèmes en relation avec la vie militante et l’œuvre de Matoub sont au programme des conférences inscrites au menu des séances d’aujourd’hui et de demain. «C’est un hommage particulier que nous voulons rendre à Matoub, dont nous voulons faire connaître l’œuvre et l’homme, sous toutes ses facettes, et de permettre, aussi, lors de cette rencontre, aux scientifiques de partager leurs idées autour de sa biographie», nous dira la présidente du comité d’organisation, Lynda Ouatah. Basé sur trois axes, relatifs à la biographie de Matoub, à son œuvre poétique et au chanteur en tant que musicien et interprète, ce colloque permettra à l’assistance de découvrir l’œuvre poétique du chantre de l’amazighité, riche et diverse aussi bien par ses formes que par ses thèmes.
A Gana.

