Des périodes de vacances s’allongent démesurément, au détriment d’un temps pédagogique qui se réduit comme une peau de chagrin.
C’est une tendance lourde qui s’incruste profondément dans les mœurs de la société algérienne. La plupart des établissements scolaires libèrent leurs contingents élèves, sitôt achevés les contrôles du 3e trimestre. Un trimestre tronqué, car ne durant dans le meilleur des cas que deux mois. «Il n’y a que de rares écoles primaires qui maintiennent un semblant d’activité pédagogique durant ce mois de juin. Dans les collèges et les lycées, les élèves ont été libérés bien avant le fin du mois de mai», témoigne un inspecteur pédagogique de la région d’Akbou. «Des instructions formelles ont été pourtant données par la tutelle pour prolonger l’enseignement jusqu’à la fin du mois de juin. Néanmoins, ces notes ne sont que rarement, sinon jamais, respectées par les établissements scolaires, lesquels sont désertés sitôt achevés les compositions et les examens de fin d’année», rapporte un éducateur de Seddouk, exerçant dans le cycle moyen. Des enseignants invoquent la difficulté pour les staffs pédagogiques d’imposer la ponctualité, de faire régner la discipline en classe et de maintenir la motivation et l’éveil pédagogique chez les apprenants, après la tenue des évaluations. «Déjà que durant le reste de l’année scolaire, on enregistre des dégradations de mobilier, des écarts de conduite et un absentéisme élevé», explique un professeur d’un lycée d’El Kseur. Pour le président d’une association de parents d’élèves d’Ighzer Amokrane, de tels arguments ne sont en fait que de simples arguties, mises en avant pour mieux se dérober de ses responsabilités. «Nos enfants sont sacrifiés sur l’autel de l’incurie et de la légèreté. On ne peut pas aspirer à une école de qualité avec un temps pédagogique aussi restreint. Quand l’année scolaire est perturbée par les mouvements de grève, le préjudice est encore plus grave», fulmine-t-il. Ayant prématurément pris congé de leurs établissements scolaires, les élèves s’abreuvent à une autre école. Celle de la rue, à laquelle ils sont livrés pieds et poings liés. Les plus futés tentent, avec l’aide de leurs parents, de se rendre utiles, en alternant activités rémunérées et dérivatifs saines. La plupart n’ont d’autre choix que de se résoudre à des échappatoires de fortune, pour ne pas se laisser submerger par le spleen. Mais la tentation du vice est toujours à l’affut, prête à happer des cohortes d’enfants et d’ados.
N. Maouche