Leçons de la révolution russe

Partager

Par Hassan Moali

La magnifique Coupe du Monde russe est terminée. Elle a choisi de tomber entre les mains des Bleus. Et elle ne s’est pas vraiment trompée, tant Griezmann, Mbappe, et leurs coéquipiers auront insisté pour l’avoir. Sans la manière, diront les puristes, mais il faut reconnaître que l’équipe de France a été la plus complète dans ses trois compartiments, la plus compacte, la plus sérieuse et sans doute aussi la mieux préparée. On ne le répétera jamais assez, mais une Coupe on la gagne, on ne la joue pas. Il convient donc de rendre hommage à Didier Deschamps qui a réussi son pari de placer une bande de jeunes sans expérience sur le toit du monde. Hommage aussi à la sympathique et talentueuse sélection de Croatie qui aura sûrement payé cash son incroyable débauche d’énergie avec ses longs matchs avec prolongations. Forcément, cela ressort face à une équipe physique et athlétique comme celle des Bleus. On peut aussi avoir des regrets pour les Diables Rouges de la Belgique qui en ont fait voir de toutes couleurs à leurs adversaires. Mais surtout tombeurs des redoutables Brésiliens. C’est aussi cela le charme de la Coupe du Monde et son lot de surprises. Nous l’avons écrit sur ces mêmes colonnes, il y a des prémices très perceptibles d’un nouvel ordre mondial du football dans ce Mondial russe. Que la Croatie arrive en finale et surtout que la jeune équipe de la France décroche le Graal sont les signes que quelque chose a changé. Il y a une sorte de nivellement par le bas. La performance n’est plus adossée aux épopées du passé, fussent-elles flamboyantes. Le Brésil, l’Espagne, l’Allemagne et l’Argentine ont été renvoyés sans gloire chez eux. On peut même considérer la non-qualification de l’Italie et de la Hollande comme des signes révélateurs d’une rupture des plaques tectoniques du football mondial. Il n’est pas exagéré de soutenir qu’il y a l’avant la Coupe du monde russe et l’après. Une petite révolution russe s’est opérée dans l’équilibre des forces et la peur a changé de camp. Le Royaume Uni d’Harry Kane, couronné d’un statut de demi-finaliste, a fait renaître l’espoir d’un retour au premier plan de «l’empire britannique». C’est dire que le Mondial russe a marqué un point de rupture. Les cartes vont désormais être redistribuées. Le football moderne n’admet plus la facilité ni la paresse. Et la performance ne se conjugue pas forcément avec le talent et le spectacle. Nos Verts doivent comprendre que la préparation du Mondial du Qatar commence maintenant. Il n’y a plus de temps pour les tergiversations sur l’identité du nouveau sélectionneur. On a vu la grosse frustration des Algériens à suivre cette Coupe du Monde sans les Verts, qui avaient pourtant du vécu et de l’ambition. C’est dommage qu’on soit réduits à apprécier le charme de la Présidente de la Croatie, ou à souhaiter -parfois avec une forte dose de haine- la défaite des Bleus comme si la France était responsable de tous nos maux. Que l’on ne se trompe pas : le mal est en nous. Qu’avons-nous fait pour rallumer l’étincelle de Rio 2014 ? On s’est trompés sur trois entraîneurs et gaspillé des millions d’euros pour rien ! On n’a pas encore compris que le haut niveau -dans tous les sens du terme- exige le sérieux, l’engagement, la persévérance et l’envie. Nous n’avons rien vu de tout ça. Prions qu’on soit prêts à être acteurs du Mondial du sable du Qatar et qu’on ne reste pas d’éternels spectateurs aigris. C’est mon ultime coup de patte. Merci à vous toutes et à vous tous d’avoir repris au vol mes tirs parfois à côté du cadre…

H. M.

Partager