Une vie au service de la culture berbère

Partager

Fille de la non moins célèbre Fadhma Nait-Mansour Amrouche, cette autre «éternelle exilée qui ne s’est sentie nulle part chez elle», et sœur du grand poète écrivain Jean El-Mouhouv Amrouche, Taos Amrouche est née le 04 mars 1913 à Tunis où sa famille s’est exilée. Elle est originaire d’Ighil-Ali, en Kabylie. Elle est écrivain cantatrice.Parmi ses œuvres écrites, on cite : Jacinthe noire (roman, 1947), Le Grain magique (recueil de contes et de poèmes, 1966), Rue des tambourins (roman, 1969), L’amant imaginaire (roman, 1975), Solitude ma mère (roman, 1995). Parallèlement à l’écriture, Taos Amrouche enregistra plusieurs disques de chants berbères qu’elle doit à sa mère qui les lui apprit quand elle était enfant. Des chants qu’elle adapta en opéra. Josiane Derandeau disait : «Quand Taos Amrouche se met à chanter, ce n’est pas une chanteuse qu’on entend… c’est l’âme d’une civilisation qui, large, s’épand, se répand, se retrouve et généreusement se donne à tous». Sa discographie est riche de plusieurs titres dont Chants berbères de Kabylie (1967, Grand prix du disque), Chants de processions, méditations et danses sacrées berbères (1967), Chants de l’Atlas (1971), Chants espagnols archaïques de l’Alberca (1972), Incantations, méditations et danses sacrées berbères (1974), Chants berbères de la meule et du berceau (1975). Elle parcourut de nombreux pays où elle interpréta ces chants et s’imposa comme l’ambassadrice de la culture berbère. En Algérie, elle chanta pour les étudiants de l’université d’Alger, suite à l’interdiction qui lui fut signifiée de se produire au Festival culturel panafricain d’Alger en 1969. Par ailleurs, Taos Amrouche est connue pour sa défense de la culture berbère. En 1966, elle participa à la création de la fameuse académie berbère qui a marqué de son empreinte indélébile le combat identitaire. Confrontée à l’injustice du colonialisme et à une société où l’archétype est masculin, ceci doublé de sa dualité culturelle et spirituelle, Taos, à l’instar de toute sa famille, vivra dans le déchirement et l’exclusion. Enfin, Taos nous a quittés à jamais, un jour de printemps du 02 avril 1976, loin de son pays, à Saint-Michel l’Observatoire, en France. Elle est partie avec l’espoir que “le grain magique” qu’elle a semé donnera des milliers et des milliers d’épis, que se concrétisera cette parole que sa mère ne cessait de lui psalmodier : «Va ma fille, Dieu fasse que ton soleil perce les nuages», et que ce soleil brillera sur tous les pays de la Berbérie.

K. K.

Partager