“La France tient au traité d’amitié”

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En visite depuis samedi en Algérie, le ministre français des Affaires étrangères a exprimé la volonté et l’attachement fort de son pays de voir le Traité d’amitié avec l’Algérie concrétisé. Du côté du pays hôte, la mise en œuvre de ce pacte, nécessite du temps car il ne s’agit point d’un « acte qui se fait d’un claquement de doigt ». Après une rencontre qui a duré plus de deux heures avec le chef de l’Etat, le ministre français des Affaires étrangères, Phillippe Douste-Blazy, accompagné de son homologue algérien Mohamed Bedjaoui, a animé une conférence de presse à la résidence d’El Mithaq, dans laquelle il est, longuement, revenu sur la question inhérente au traité d’amitié qui, rappelons-le, a fait couler beaucoup d’encre et suscité des avis divergents de part et d’autre des deux côtés de la Méditerranée. Retardé depuis 2003 pour plusieurs considérations et raisons, en tête la loi française controversée du 23 février 2005 qui glorifie dans son article 4 les « effets positifs » du colonialisme, le ministre français souhaite que cette dernière, qui selon lui a effectivement « suscité des divisions et a fait de l’année 2005, une année terne », ne constituera pas « une pomme de discorde » entre les deux pays, surtout qu’après, le Président Jaques Chirac a eu la sagesse de l’abroger et de laisser la tâche aux chercheurs pour s’exprimer et réécrire l’Histoire. Selon lui, “l’Algérie et la France « ont besoin de se retrouver et de relancer leur relation politique ». Avec ferveur, l’orateur ajoute qu’ « il y a une volonté très profonde et c’est le cœur qui vous parle”, insiste-t-il en disant “réaliser ce traité, c’est très important pour nous, le peuple français ». Continuant sur la même lancée, Douste-Blazy a fait savoir à ceux qui veulent l’entendre que « 20 à 25 % des français ont des rapports directs ou indirects avec l’Algérie », entre autres, une raison pour laquelle la France tient à ce traité d’amitié qui entraînera, inéluctablement, d’après son porte-parole, la relance des échanges bilatéraux et de la coopération entre les deux pays. Sur ce, le ministre des Affaires étrangères français a indiqué que dans cette « ambition franco-algérienne » qui vise à tourner la page, une fois pour toutes, les deux pays prévoient de booster leurs relations à tous les niveaux. Du coup, Douste- Blazy après avoir exprimé sa satisfaction quant à l’accueil qui lui a été réservé, “preuve, dit-il de l’intérêt que porte l’Algérie pour la France et surtout son respect à son président Jacques Chirac”, a annoncé que plusieurs projets de coopérations sont d’ores et déjà inscrits, notamment dans le domaine de la recherche scientifique, dans l’éducation et la sécurité sociale.Confiant d’avoir un écho favorable de notre pays, le patron de Quai d’Orsay a mis l’accent sur la nécessité de conforter le cadre de la concertation et du dialogue entre les deux pays et a plaidé, à l’occasion pour « l’urgence de l’intégration maghrébine ». Qu’en est-il du Sahara occidental ?. Tout en regrettant l’impasse politique, l’invité de l’Algérie a estimé que la question ne peut être résolue que par les parties concernées. La déclaration constitue en effet une avancée de la diplomatie française sur la question. Les responsables de l’Hexagone cponsidèrent que le conflit est beaucoup plus entre l’Algérie et le Maroc, plus qu’entre cette dernière et le Front Polisario.

Bedjaoui : « Le devoir de mémoire est très important »Les déclarations de Bedjaoui dénotent clairement que la partie algérienne s’arc-boute sur sa position et maintient toujours la pression. La concrétisation du Traité d’amitié avec la France n’est certes pas conditionnée par la repentance, confirme Bedjaoui, mais le devoir de mémoire est « fondamental si nous voulons vraiment ouvrir une nouvelle page », a-t-il lancé à l’adresse de son homologue. Une chose est sûre, c’est que la partie algérienne, en dehors de toute considération, ne peut  » tolérer un tel article « mettant en valeur les crimes du colonialisme. Pour Bedjaoui, le Traité d’amitié auquel l’Algérie affirme « son adhésion pleine et entière « doit se faire non entre les deux chefs d’Etat mais entre les deux peuples, les deux sociétés et les classes politiques algérienne et française ». Selon sa conception, le Traité sera orienté vers la « refondation et la restructuration des relations bilatérales et également des opinions publiques ». Ce qui va permettre, ajoute le ministre algérien, de parler d’une coopération entre « deux Etats souverains, forts et indépendants » et de régler ainsi les différends en « toute franchise ». Parlant des problèmes, l’orateur a signifié qu’ils sont situés sur « la scène interne de la France dont l’Algérie a tenu compte et n’a pas voulu en rajouter.” « La loi du 23 février nous a fait gagner une année de temps pour préparer ce Traité », dit l’orateur. Quand est-il prévu de le parapher ?. Rien n’est encore tranché, souligne le ministre algérien qui ajoute dans la foulée que « nous sommes engagés dans un travail de préparation dans toute sa profondeur car il ne s’agit pas là d’un acte qui se fait d’un claquement du doigt. Nous avons besoin de temps. Ceci dit, la signature du traité n’est pas pour demain. L’Algérie semble vraiment en position de force dans la mesure où la demande s’est faite de la part de la France. » L’initiative vient de Chirac qui a eu le courage politique de vouloir tourner la page » a avoué Bedjaoui dans ce sens. Reprenant la parole, Douste-Blazy a rétorqué qu’il est « vrai que chacun de nous apprécie son passé différemment. Toutefois, la France n’a pas dévié de sa politique et je pense qu’il faudrait se parler et être positif mais pour ce faire, il faut que l’un de nous dise ce qu’il pense de l’autre ».

Wassila Ould Hamouda

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