Inconscience ou insouciance ?

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Malgré la réapparition de la fièvre aphteuse au cours de la semaine dernière sur les hauteurs de la commune de Saharidj, et ce, à travers différents villages et hameaux, les pouvoirs publics n’ont pas jugé bon de procéder à la fermeture du marché à bestiaux du chef-lieu de wilaya. Hier matin, des centaines d’éleveurs étaient sur cette aire de négoce en procédant à l’achet et à la vente d’ovins et de bovins, sans s’inquiéter outre mesure du danger de la maladie véhiculé par le cheptel. Des ovins et bovins dont les prix loin d’être affectés par le spectre de la fièvre aphteuse, ont, au contraire, selon certains initiés, enregistré une hausse sensible. Pour les éleveurs interrogés, il s’agit là d’un non événement car, d’après eux, le cheptel serait vacciné et donc immunisé contre les maladies : «Le bétail est sain, il n’y a pas lieu de s’inquiéter car les vaccins ont été fait en temps réel par les services vétérinaires aussi bien privé que ceux de la DSA…», estime un maquignon de Bechloul. Même son de cloche auprès d’autres éleveurs qui assurent que dans le pire des cas, «les bêtes atteintes par la fièvre aphteuse sont consommables et la viande ne présente aucun danger pour l’être humain…». Une manière de dire que l’esprit mercantile prévaut avant tout sur la préservation du cheptel de la wilaya de Bouira, qui selon les dernières statistiques, se réduit comme peau de chagrin. «Vous pensez que l’adjudicateur du marché qui a loué cet espace à coups de milliards va fermer les portes et enregistrer des pertes sèches à cause de vaccins inefficaces?», ricane sournoisement un des percepteurs des droits d’entrée au marché à bestiaux. D’un autre coté, surement attiré par le fait que la fièvre aphteuse ferait baisser un tant soit peu les prix, des bouchers de la région étaient venus s’enquérir de la bourse aux bestiaux. «Finalement, les tarifs d’aujourd’hui sont plus chers que ceux de la semaine écoulée…d’habitude, un veau se négociait aux alentours de 180.000 à 250.000 dinars selon son gabarit. Aujourd’hui, impossible d’en acheter un à moins de 230.000 dinars et encore d’allure chétive…», déplore Mourad, un boucher de la ville de Bouira. Ce dernier se plaint par ailleurs que depuis la fête de l’Aid El Adha, l’activité des bouchers n’est plus aussi prospère. «Depuis l’Aïd, et depuis que les prix de la viande atteignent les 1500.00 dinars le kilo, nous sommes obligés d’acheter un veau à deux ou trois bouchers, chose qui ne se faisait pas auparavant car chaque boucher égorgeait à lui seul, au moins un veau par semaine. Il est difficile de maintenir notre activité dans de telles conditions», s’inquiète notre interlocuteur. Des veaux, des agneaux et des moutons qui, malgré le risque de contamination de la fièvre aphteuse qui pèse sur le cheptel, ne connaissent aucune accalmie dans leurs prix et qui sont vendus sans que les mesures de confinement ne soient appliquées, de même pour la fermeture de ce marché à bestiaux. Pour rappel, au mois de juillet dernier, alors qu’une décision de fermeture du marché à bestiaux avait été signée par le premier magistrat de la wilaya, il aura fallu près d’une semaine pour l’appliquer et la faire respecter. L’été dernier, plusieurs foyers de fièvre aphteuse s’étaient déclaré à travers les localités d’Aghbalou, Saharidj, Ain Bessem et plus d’une vingtaine de têtes de bovins avaient été abattues par les services de la DSA par mesure de sécurité afin d’éviter la propagation des foyers. Force est de constater que ces mesures n’auront pas été efficaces, en plus d’avoir mis sur la paille plusieurs éleveurs qui sont toujours dans l’attente d’une hypothétique indemnisation qui tarde à venir les aider après avoir vu leur cheptel décimé.

Hafidh Bessaoudi.

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