«Une charte est en préparation avec l’ARAV»

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En visite, hier, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aissa, a répondu aux imams par un niet concernant leurs revendications articulées sur l’aspect financier, compte tenu de la conjoncture actuelle du pays. Lors d’un point de presse organisé en marge de l’ouverture du premier colloque sur «La zaouïa, patrimoine culturel et cultuel», Mohamed Aissa a tenu à apporter des éclaircissements concernant la crise des imams : «Il n’y a jamais eu de polémique entre les imams et leur tutelle. Ce qu’il y a par contre c’est un éclaircissement de positions. Il ne m’appartient pas, en tant que ministre dans le gouvernement algérien, de réviser le statut particulier précisément les articles de loi qui ont une incidence financière vu les circonstances économiques financières que connait l’Algérie», a-t-il précisé, avant d’ajouter : «Une fois cette position éclaircie, j’ai ouvert le dialogue avec toutes les entités syndicales qui représentent les imams, tout en ouvrant les portes du dialogue direct avec les imams». À propos du colloque organisé à Tizi-Ouzou et qui s’est porté notamment sur «La tariqa rahmania», le ministre a fait savoir qu’il rentre dans une dynamique de l’élaboration de la loi d’orientation pour le secteur des affaires religieuses et des wakfs qui sera présentée pour débat au Conseil du gouvernement, puis au conseil des ministres et au parlement : «Nous voulons rédiger ce patrimoine en articles de loi qui ne seront pas rédigés dans des bureaux climatisés mais sur le terrain, avec un dialogue ouvert à toutes les forces intellectuelles du pays», a-t-il indiqué. «Cette dynamique globale sécurise l’Algérie (versant spirituel) et par conséquent, sécurisera l’Algérie de cette mondialisation rampante sauvage», affirme l’hôte de Tizi-Ouzou. En réponse à une question sur le rôle des Zaouïa dans l’exercice politique dans le pays, le ministre a mis en exergue ce rôle en disant : «Oui la zaouïa a un rôle dans la vie politique. Le Président du Sénégal est promu à chaque fois par la zaouia Tidjania. Les chefs de cette zaouia sont courtisés partout dans le monde, y compris par le colonisateur d’entant (la France), mais l’Algérie refuse cette instrumentalisation de l’extérieur. On peut avoir des zaouia qui peuvent influencer sur une population qui leur fait confiance sur le choix des politiques et des personnes», note-t-il, précisant : «Pour l’instant, le rôle des zaouia c’est la réconciliation, la paix et le vivre ensemble». Un rôle qui sera, selon lui, «concrétisé le mois de décembre prochain lorsqu’il y aura choix d’homme». «Moi personnellement, je ferai confiance en ma Zaouia, choix individuel (…) Le choix personnel influera sur les choix fondamentaux du pays», notera-t-il. Concernant le rôle des imams dans le phénomène de la Harga, le ministre réfute «l’instrumentalisation religieuse du phénomène de la Harga» : «Pourquoi se blottir dans la religion pour chercher une Fatwa et accabler ces Haraga par la religion ?», s’est-t-il interrogé tout en avouant que le phénomène doit interpeller tout le monde : «Il y a des causes et des effets économiques et sociales, il y a l’absence du dialogue, il y a l’intervention de certains acteurs qui peuvent changer… Tout le monde doit se solidariser avec nos jeunes qui sont charmés. Les imams continueront d’ouvrir le dialogue mais se refusent d’émettre des Fatawi à ce propos», a-t-il souligné. Dans un autre sillage, le ministre Mohamed Aissa met en garde contre le prosélytisme, les mouvements sectaires et religieux laborantins qui, selon lui, «n’ont rien à voir avec l’islam de nos aïeux». «La zaouia est un rempart contre ces mouvements», insiste-t-il tout en appelant les adeptes des zaouia à les défendre. «Les zaouia n’ont pas échoué c’est nous qui n’avons pas cru en elles, c’est nous qui n’avons pas pu orienter leurs discours pour charmer nos jeunes, c’est nous qui avons importé les livres, les disques pour nos enfants dans les mosquées et pour le Salon de livre depuis sa création (…) Il nous appartient donc aujourd’hui de corriger ce tort», estime le ministre. Sur la question de dérapage de certaines chaînes de télévision, le ministre a fait savoir qu’une charte est en préparation avec l’ARAV pour le discours religieux sur la masse médias : «Elle ne sera pas imposée, mais consensuelle», note-t-il. «Le discours religieux externe véhicule une politique qui n’est pas la nôtre», a-t-il mis en garde. À propos de la polémique sur l’égalité entre l’homme et la femme dans la question de l’héritage, Mohamed Aissa a indiqué : «Il n’y a pas une volonté politique déclarée pour rouvrir le débat sur le code de la famille. Une fois rouvert, tous les avis seront les bienvenus et toutes les expériences aussi». Concernant les critiques des ONG, il fera savoir que «les ONG sont en train de s’attaquer à l’Algérie comme étant un pays de stigmatisation des religions autres que l’Islam (…) Ils visent à déstabiliser le pays. On ne ferme pas les églises en Algérie, seulement ces dernières doivent se mettre en conformité avec les lois. Il ne s’agit pas de religion, mais de la conformité avec les lois de la République», a-t-il déclaré.

Kamela Haddoum.

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