Cela fait deux mois que la décharge sauvage de la station balnéaire d’Aokas a été fermée par la population et il n’y a ni unité de recyclage, ni centre d’enfouissement technique, ni autre opportunité pour le ramassage des ordures. Bien au contraire, avec l’absence de cette décharge balnéaire, il y a eu multiplication de décharges sauvages en milieu urbain.
On trouve une décharge à chaque coin de rue. Du côté de la cité dite des 215 logements, deux gigantesques décharges se font face. Si au niveau de la cité des 80 logements, elle vient d’être éradiquée, il n’en demeure pas moins que quelques encablures plus loin, du côté des locaux commerciaux, deux nouvelles décharges ont été créées par ces mêmes personnes qui ont demandé l’éradication de la première, c’est-à-dire les habitants et les commerçants de ladite cité. Du côté du lieu où se tient le marché hebdomadaire, la décharge a été enlevée à plusieurs reprises par les services de la mairie, mais elle retrouve vite son état initial à cause des citoyens gagnés par l’incivisme. De même au niveau de la cité des Palmiers, du côté de l’ex-route nationale n° 9 où la décharge renaît, bizarrement, à chaque fois de ses résidus. Il y a même certains commerçants qui mettent leurs déchets, constitués majoritairement de cartons, dans leurs véhicules pour aller les brûler juste derrière le tunnel. Les services de l’APC tentent, certaines soirées, de faire la tournée des cités de la ville, à tour de rôle, pour enlever leurs déchets, notamment ceux des écoles et des hôtels-restaurants, mais ces actions temporaires ne présagent rien de concret et de sûr pour la situation environnementale de la belle région d’Aokas. Selon des informations recueillies çà et là la mairie a conclu des accords avec certaines communes pour y aller déposer, une fois par quinzaine, des ordures en attendant de régler le problème de leur évacuation vers le centre d’enfouissement d’Ain Roua, dans la wilaya de Sétif, moyennant le payement des droits de dépôt estimés à près d’un milliard de centimes par an. Même le transfert vers Ain Roua ne semble pas être une solution durable. L’implantation d’une unité de recyclage s’impose. Entre-temps, la population fait dans la débrouille pour jeter ses déchets. On composte les épluchures, on brûle les papiers et cartons et on enterre les boites de conserve. Cela est valable dans les zones rurales, mais irréalisable au niveau du chef-lieu communal. C’est l’une des raisons pour lesquelles le mouvement associatif est intervenu pour sensibiliser la population à dissocier, dans leurs poubelles, les déchets biodégradables de ceux recyclables. Pour les recyclables, un opérateur économique de la région s’est proposé de faire leur collecte alors que pour les déchets organiques, il faut impérativement passer par le compostage dans les vergers ou jardins. Pour cela, un agriculteur de la commune est prêt à les récupérer. C’est ainsi que le tri sélectif fait son bonhomme de chemin dans la commune d’Aokas. Sur proposition de cet opérateur spécialisé en la matière, les quartiers commencent à procéder au tri à leur niveau. Ces déchets sont mis dans des bacs distincts et récupérés par celui-ci. À Taremant et Ait Aissa, les habitants s’y sont mis dès la fin du mois d’octobre dernier, alors qu’au centre-ville, les cités des 50 et 20 logements ont commencé il y a moins de deux semaines de cela. Les populations se sont entendues à trier les déchets recyclables (plastique, verre et métaux dans le même sac…) au niveau des foyers. Les déchets concernés (bidons usés, flacons, pots de yaourts lavés, boites de conserves, caisses et chaises cassées, téléviseurs et démo cassés, déodorants, canettes, bouteilles…), à mettre dans le même sac-poubelle et déposer devant chaque cage d’escaliers. L’opérateur se chargera de les récupérer à des journées et horaires précis. Concernant les déchets organiques (les restes des plats sans les os, restes de légumes et fruits…), ils seront, également, récupérés une fois par semaine par l’agriculteur qui s’y est engagé. La population semble s’être prise en charge en attendant que les autorités locales puissent conclure avec le centre d’Ain Roua. Pour cela, l’édile communal a assisté, au début du mois en cours, à une réunion initiée par l’APW avec les directeurs des domaines, de l’agriculture, de l’environnement, des forêts et les membres des commissions développement local, investissement et santé de l’APW, pour débattre de la problématique de la prolifération des décharges sauvages. Le maire d’Aokas a saisi l’occasion pour demander une aide financière pour le transfert des déchets vers Ain Roua. Cet article traite de la situation de la commune d’Aokas, mais il en est de même pour la commune voisine de Tizi N’Berber. Où sont acheminées les ordures de cette commune ? Plusieurs habitants d’Aokas vous diront que les habitants de Tizi N’Berber profitent du laxisme des autorités et des citoyens d’Aokas pour ramener dans leurs bagages leurs ordures et les jeter dans les décharges sauvages qui pullulent au centre-ville de celle qui fut la capitale de l’ex-commune mixte d’Oued Marsa. Si feu Mohamed Boudiaf se demandait où allait l’Algérie, à Aokas, plusieurs citoyens se posent la même question pour leur chère commune.
A Gana.

