Des lois existent, mais…

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La pollution, sous toutes ses formes (eau, air, sol), menace chaque jour un peu plus l’environnement dans toute la vallée du Sahel.

Pourtant, cette pollution est maîtrisable car des solutions pratiques existent. Pis encore, une batterie de lois ont été mises en place depuis belle lurette pour parer à toute catastrophe écologique, seulement depuis plusieurs décennies, aucune démarche n’est entreprise pour arrêter ce massacre. Et au rythme où vont les choses et en l’absence de mesures sérieuses à même de freiner le phénomène, la faune et la flore risquent d’être touchées et d’une manière durable. Des risques pèsent aussi sur la santé humaine. Incontestablement, les cours d’eau, et ils sont des dizaines à traverser la vallée du Sahel dans tous les sens, sont ceux qui en pâtissent le plus de ce phénomène et qui en subissent le plus de dégâts. Les causes de cette pollution à grand échelle sont nombreuses et connues de tous. L’on peut citer les rejets d’égouts, les déchets ménagers qui sont déversés dans les lits des oueds, mais aussi et surtout les rejets industriels. Concernant ces derniers, une partie est notamment produite par les huileries en période d’olivaison et de la trituration des olives. Une période qui même si elle dure que quelques mois, mais les rejets qui y sont produits sont importants et surtout causent des dégâts incommensurables sur l’environnement, surtout si l’on sait que la vallée est une région charnière et une de plus importante à l’échelle du pays en matière d’activité oléicole. Ainsi et depuis la mi-novembre, l’on assiste à un lamentable changement de couleurs de la totalité des cours d’eau de la région. Comment serait-il autrement quand pas moins de 80 unités industrielles de transformation des olives (huileries), recensées à travers la région et qui tournent H24, rivalisent en rejet de déchets nocifs directement dans les cours d’eau. Certes que ces ruisseaux, ravins et rivières sont pour la plupart déjà pollués par les innombrables rejets d’assainissement, mais il n’en demeure pas moins que cette margelle contenant un important taux d’acidité est cent fois plus polluante et nocive non seulement pour le liquide de ces cours d’eau mais aussi pour le tissu végétal qui les garnit tant à l’intérieur des lits d’oueds que sur leurs rives et qui est un moyen naturel des plus efficaces contre l’érosion. Cela en plus d’exterminer les diverses espèces animales qui vivent dans ces cours d’eau que le liquide provenant de l’assainissement n’a pas trop affecté. Ces rejets affectent aussi et surtout les nappes phréatiques le long de la rivière Sahel, appelée Soumamm dans la wilaya de Béjaïa où des dizaines de forages d’eau potables, alimentant des milliers de populations des deux wilayas de Bouira et de Béjaïa, y sont implantés.

Des projets à relancer

Pourtant dans la même région, il a suffi de l’aménagement d’un simple centre d’enfouissement technique (CET) à Ahnif pour assister à un spectaculaire recul de la pollution due aux ordures ménagères, non seulement au niveau de la daïra de M’Chedallah, mais aussi dans celle de Bechloul dont les ordures ménagères sont absorbées par ce CET d’Ahnif. Il n’y a pas si longtemps, il était question d’un projet d’installation de deux stations d’épuration dans la région au niveau d’Achadhouk, commune de M’Chedallah, et Toghza dans celle de Chorfa, pour dépolluer Assif N’sahel qui est le réceptacle final de la totalité des cours d’eau de ces deux daïras. Un projet «jeté à l’eau» sans qu’une quelconque autorité ou mouvement associatif ne fait le moindre geste pour déterrer ce dossier d’une importance capitale pour la région, tant sur le volet santé humaine, la faune et la flore que sur celui de l’agriculture et l’environnement. En attendant une réaction salvatrice des autorités ou de la société civile, de l’eau polluée coulerait à flots sous les ponts. Notons que les deux principaux déchets provenant des huileries, à savoir la margine et le grignon, sont recyclables et ils peuvent même être exportés à l’état brut vers plusieurs pays de la rive méditerranéenne qui disposent de moyens de recyclage.

Oulaid Soualah

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