Partie du lycée Haroun-Mohamed à 11 heures, la procession de 500 personnes a grossi comme une boule de neige sur les deux kilomètres de son parcours pour regrouper, à midi, plus de 2 000 citoyens sur la place Colonel Amirouche qui prolonge la bâtisse de la mairie.Les organisateurs qui se revendiquent “militants pour l’amitié du camp démocratique”, connus depuis seulement une semaine pour avoir lancé l’appel de Tifrit, par ailleurs très peu médiatisé, ont réussi leur parti d’organiser une marche pacifique haute en couleurs dans la troisième ville de Kabylie. Aucun incident n’a été signalé par le service de vigilance composé principalement d’étudiants et de lycéens de la région.Le premier carré de marcheurs s’est ébranlé à 11h15 du rond-point de la Nouvelle-ville, suivi du carré du “Collectif des femmes du Printemps noir”, renforcé par les étudiants de Bgayet et ceux de Tizi Ouzou. Le troisième carré a regroupé des enseignants et de nombreux citoyens qui célèbrent le 20 avril par fidélité au combat identitaire amazigh. Les mots d’ordres mobilisateurs de Tafsut imazighen ont été repris, scandés et chantés à gorge déployée. De hautes banderoles ont stigmatisé le “Jacobinisme de l’Etat” et appelé au “respect des sacrifices de tous les martyrs de la démocratie”. Une minute de silence a été observée à mi-parcours, sur la placette du cinéma, après le dépôt d’une gerbe de fleurs devant la stèle des martyrs du Printemps noir. La procession a fortement grossi sur l’artère centrale de la ville, arrivant avec une dizaine de carrés de marcheurs sur la place centrale où une tribune érigée, à côté de l’immense statue de Si Mohand Ou M’hand par la municipalité à majorité FFS, attendant le comité organisateur. Après la minute de silence, meublée par l’hymne national version Matoub, six orateurs se sont succédés au micro de Sofiane Adjlane, qui a résumé les investissements d’Etat en Kabylie dans le triptyque “palais de justice, prison et institut islamique”. L’unité des démocrates face à “l’alliance islamo-arabiste qui s’est accaparé les rênes de l’Etat”, la situation de clochardisation sociale et de décomposition politique prononcée de la Kabylie et les dégâts du jacobinisme de l’Etat, ont été les principaux thèmes développés.
Rachid Oulebsir