Ils sont des dizaines, voire des centaines de personnes et en majorité des vieux venant des communes voisines et parfois de très loin, dans le but de percevoir leur dû en devises auprès de la banque BADR du quartier dit le Château dans le chef-lieu de la wilaya. Pour certains habitants des hameaux et villages un peu éloignés, il faut donc se lever très tôt pour arriver à Bouira avant l’heure d’ouverture de l’agence et surtout, dans l’espoir de pouvoir occuper une bonne place dans l’interminable chaîne qui se forme chaque matin à l’extérieur et de part et d’autre de l’entrée principale de la BADR. Et pour cause, les locaux trop exigus ne peuvent contenir le flux incessant des citoyens qui sont exaspérés, mais aussi les principaux responsables de cette agence qui ne peuvent canaliser la foule humaine et satisfaire leurs demandes dans de meilleures conditions.“C’est la quatrième fois que je me déplace jusqu’ici afin de retirer mon argent, mais chaque jour après une longue attente, on nous répond : revenez demain”, s’indigne un retraité venu de Haizer. En effet, qu’il pleuve ou qu’il neige, tout le long du trottoir longeant l’agence, une nombreuse foule se forme chaque matin. Des vieux ne pouvant plus tenir debout et cultivant à chaque fois qu’ils reviennent sur les lieux l’espoir d’être servis, s’assoient à même le sol et attendent leur tour. A l’intérieur, il y a juste les personnes accueillies aux guichets. Pour le reste, c’est l’espace poussièreux et les trottoirs qui servent de salle d’attente pour la clientèle de la BADR du château. “On n’est pas là pour demander la charité. On est des clients et on veut pour autant être respectés et non méprisés. On leur donne de l’argent et c’est grâce à nous si cette agence fonctionne et malgré cela, on est mal accueillis et très mal servis”, lança un autre vieux ; un ancien émigré actuellement en retraite qui affirme que cela fait plus de quinze jour que le virement de France a été effectué et qu’à ce jour, il n’arrive toujours pas à retirer son argent pour payer ses factures qu’il s’empressa de nous montrer. “Ils (responsables de l’agence) nous dédaignent et ils ignorent que nous avons dû débourser de fortes sommes en louant des véhicules pour arriver jusqu’ici, et de bonne heure, en plus”, enchaîna un quinquagénaire venu de la région de M’cheddellah, lequel est revenu pour la troisième fois à l’agence sans pouvoir passer à la caisse.Comme il y a peu de sommes en devises à remettre quotidiennement aux clients, ces derniers sont contraints de venir très tôt pour figurer parmi les heureux bénéficiaires du jour. Ceux qui par malchance ne passent pas le premier jour sont contraints de revenir le lendemain, sinon le surlendemain ou le jour d’après et… le calvaire continue.
Anis S.
