Lors de la deuxième journée d’étude sur «La pratique des intermédiaires financiers», organisée à l’université Mouloud-Mammeri, Melle Yanet, cadre bancaire qui a traité du Contentieux bancaire a mis en exergue les difficultés qu’affrontent les banques dans le recouvrement des créances. «Le pourcentage de recouvrement est médiocre et ne couvre que 44 % des créances recouvrables dans presque tout le système bancaire algérien», dira-t-elle. La grande majorité des impayés proviennent, affirme la conférencière des dispositifs d’aide aux jeunes et du micro-crédit, mis au point par l’Etat, «l’ingérence des pouvoirs publics à coups d’injonctions a fait qu’une bonne partie des impayés sont issus des dispositifs, ANSEJ, CNAC et autres», soutient- elle.L’autre problématique, que Yanet a développé est liée à la corrélation : banque-justice. Après avoir longuement explicité les aspects techniques et les actions que les banquiers entreprennent dans la procédure contentieuse. «Les juges ignorent la pratique bancaire telles que les notions de valeurs et d’escompte, et généralement ils se déclarent incompétents», a-t-elle souligné.Elle évoquera également les lenteurs des démarches qui prennent dans les meilleurs délais trois années, «en sus des voies de recours, la désignation quasi systématique d’experts ne fait qu’aggraver et compromettre les créances», affirme-t-elle. Et d’ajouter : «On a constaté que le principe de la liberté de la preuve en matière commerciale n’est pas toujours observé.» L’oratrice a plaidé, dans son intervention, à entreprendre une politique de crédits plus rationnelle, de revaloriser la fonction de juriste et plus important, d’envisager sérieusement de confier la fonction de recouvrement à des organismes spécialisés. En conclusion elle a recommandé, pour les pouvoirs publics d’opérer des modifications et des assouplissements de la loi, de créer des stages de formation pour la spécialisation des juges en droit bancaire, et de ne plus s’ingérer dans la gestion des banques, pour qu’ils ne soient pas un facteur freinant pour le développement.De son côté le représentant de la BDL, M. Harrouche, a affirmé que le recouvrement comporte des risques, dès lors que la banque privilégie le critère de confiance. «La banque algérienne a un environnement défavorable», dira-t-il, avant d’indiquer, s’agissant du crédit particulier que la BDL en raison des difficultés de recouvrement a été amenée à surseoir à cette formule avant de la relancer en 2002.Abordant la formule «Ousratik», un crédit destiné à la consommation, l’orateur estime que «si les taux sont très élevés c’est parce que les crédits ne sont pas finançables, et que le taux d’intérêt suit toujours le taux de réescompte.» L’intervenant a conclu en disant que les enquêtes ont permis de découvrir que les clients préfèrent les crédits véhicules aux crédits à la consommation.La journée a été clôturée par des débats animés par les différents représentants d’organisme et des étudiants en post-graduation.
M. Ait Frawsen
