Alors que j’étais drapé de ma couverture et étendu sur mon matelas dans ma baraque et sur le point de dormir, je réfléchissais à ce que je réaliserais le lendemain au marché ; l’accusé, ci-présent, après s’être introduit dans la baraque en défaisant le crochet de la porte et s’être emparé de mon portefeuille qui se trouve dans le tiroir, il a éteint la lampe depuis le disjoncteur dont il connaît l’emplacement et il m’a assommé d’un coup à la tête. Ce n’est que le lendemain, à l’hôpital, que j’ai repris conscience”.Cette déclaration de la victime à la barre est l’essentiel de l’affaire de tentative d’homicide volontaire que le tribunal criminel de Béjaïa a eu à traiter, hier. A l’encontre de l’accusé, le procureur général a requis une peine de 20 ans de prison assortie d’une amende de 20 000 DA, mais le verdict n’a été que de 5 ans de prison.Les faits de cette affaire remontent à la nuit du 16 au 17 juillet 2005 et ont eu pour théâtre le village côtier de Baccaro, sur la RN 9 non loin de Tichy. La victime, B. K., âgée de 25 à 30 ans, qui tient un commerce d’été dans une baraque faite de bric et de broc au bord de la mer et l’accusé A. A., 21 ans, se connaissent bien et ils ont l’habitude de boire ensemble. Mais, méfiant, B. K. a mis en garde son jeune frère B. M., 17 ans, venu témoigner à la barre, sur la conduite pas très recommandable de A. A. “Il ne travaille pas et il boit tous les soirs, d’où lui vient l’argent ?”, s’est-il questionné devant le juge lors de sa confrontation avec l’accusé.Bien que l’accusé A. A. nie en bloc tous les faits qui lui sont reprochés, notamment d’avoir assommé la victime et de lui avoir volé le portefeuille qui contenait 49 000 DA et qui se trouvait en face. “Je ne dormais pas encore, je t’ai vu et reconnu, c’est toi qui m’as volé mon argent et qui m’as assommé”. A la question du président qui lui a demandé pourquoi n’a-t-il pas réagi, puisqu’il ne dormait pas, il a répondu : “Je l’ai insulté”.La partie civile qui a relevé beaucoup de contradictions dans la déclaration de l’accusé a surtout mis en exergue le fait que l’accusé n’a frappé la victime que lorsqu’il s’est rendu compte que celle-ci l’avait vu et reconnu. En ce qui concerne l’accusation, après s’être longuement attardée sur les détails des faits et analysé les différentes facettes de la personnalité de l’accusé en mettant le doigt sur le fait qu’il a quitté l’école à un âge très précoce, qu’il ne travaille pas, qu’il se saoule tous les soirs et qu’il a quitté Baccaro après son forfait pour ne pas être soupçonné, il requiert contre lui la peine de réclusion criminelle de 20 ans et 20 000 DA d’amende. La défense qui est assurée par Maître Messaoudi Allaoua, a axé sa plaidoirie sur trois points essentiels. Dans le premier point, elle s’est surtout demandé pourquoi l’accusation n’a-t-elle pas relevé les empreintes digitales qui sont laissées sur les différents endroits de la baraque, comme le tiroir d’où est pris le portefeuille et la manette de disjoncteur. A Baccaro, en été, fait remarquer l’avocat de la défense, on compte des centaines et des centaines de vacanciers et parmi eux, il y a sans doute quelques délinquants qui pourraient être tentés par le vol de la baraque de la victime. Dans le troisième point, il a développé l’idée que si la victime dormait au moment du vol, elle ne pouvait pas reconnaître le voleur et que si elle ne dormait pas, elle aurait dû se lever et réagir et qu’on ne se contente pas d’insulter quelqu’un qui vient de vous voler 49 000 DA.Après délibération, la peine est fixée à 5 ans de prison.
B. Mouhoub
