Le volontariat pour faire face aux aléas

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Nos aïeux se sont solidarisés dans des moments difficiles pour affronter les aléas de la vie. Nous allons faire autant, pas seulement pour perpétuer cette tradition séculaire mais pour lancer des massages aux autorités et aux autres villages », dira d’emblée Malki Mohamed, l’un des éléments les plus actif du village Redjaouna Lbour. Le message que voulaient transmettre les villageois aux autorités locales est que le village peut se prendre en charge, « il suffit qu’on mette les moyens à la disposition de la population. » ajoute t-il. Pour les autres villages, le message qu ‘ils veulent lancer, enchaîne notre compagnon est que cette tradition de solidarité pour l’intérêt général, pour les villages enclavés, demeure l’ultime recours pour faire face aux difficultés quotidiennes. Nous arborons la route principale reliant le chef lieu à l’agglomération de Redjaouna situé à 680 m d’altitude, pour rejoindre ce village, relevant de la commune de Tizi Ouzou. Au départ la chaussée paraît très rétrécis et les véhicules qui se croisent sont contraints de ralentir ou d’arrêter carrément le véhicule pour céder le passage. A trois kilomètres de la Zaouïa, notre compagnon s’arrête pour nous montrer les premiers fruits d’un travail bien entretenu, eu égard au manque de matériel et de matériaux. Ici la chaussée est devenue subitement plus large avec le défrichement du terrain et comme ornement, des caniveaux ont été soigneusement bien placés aux abords de la route. « Nous avons d’abord élargi la chaussée en déblayant les monticules de sol qui occupaient presque la moitié de la chaussé rendant la circulation quasi impossible. » Pour embellir l’endroit, déjà gratifié par Dame nature, les villageois ont nettoyé également les talus et les accotements. Chaque week-end une quarantaine de personnes, jeunes et vieux s’entraident mutuellement dans une ambiance bon enfant pour accomplir cette œuvre, à laquelle tient énormément le comité de village. Un jeune, la vingtaine dépassée déblaie le terrain et s’attache à nettoyer laborieusement un ouvrage d’eau, achevant probablement une tâche, laissée intentionnellement lors de la dernière besogne. Cette route qui s’étale sur sept kilomètres est jalonnée dans certains endroits des gabionnages réalisés par les villageois pour faire face aux glissements des terrains en hiver. L’opération qui a débuté le 27 avril s’achèvera une fois que toute la route sera réhabilitée c’est-à-dire de la Zaouïa de Sidi Belloua, perchée au sommet de la colline à l’entrée principale de Tizi Ouzou, indiquent les membres du comité de village. L’objectif principal de ce réaménagement est d’empêcher les débordements des eaux pluviales qui défigurent les voies et les accès vers Redjaouna. Les membres du comité n’ont pas omis au passage les autorités locales qui selon leurs propos ont répondu à leur appel en mettant à leur disposition une niveleuse et des buses pour la réalisation des caniveaux, tandis que la main d’œuvre est assurée par les villageois. « Nous avions été surpris de la visite inopinée effectuée par l’autorité de la wilaya qui a exprimé sa disponibilité pour nous venir en aide  » a déclaré à l’unisson les six membres du comité de village. »Rien n’est impossible dans un village, si il a de bons meneurs », souligne Mohamed. « Une fois le route principale est achevée nous attaquerons la réhabilitation des sources d’eaux existantes, et le bitumage des axes principaux du village et les chemins vicinaux », affirme t-il sereinement, tout fièr de son village d’avoir réaliser cette prouesse en solo, pourtant sans moyens. Le volontariat pour aboutir à un meilleur cadre de vie coïncide avec des projets retenus et des promesses tenues par les autorités. « Si tout va bien, le citoyen à Redjaouna se sentina a plus à l’aise », renchérit notre compagnon. Plusieurs projets sont attendus. La population de Redjaouna Lbour attend impatiemment le raccordement au gaz de ville. Un projet qui était toujours au centre des préoccupations du comité de village, qui n’a cessé d’alerter les pouvoirs publics sur l’utilité de cette énergie dans une région qui souffre, durant la periode hivernale. « Pour le gaz de ville l’opération débutera cet été », souligne Malki. La réalisation du réseau d’AEP, de deux classes et d’une cantine au lieudit « Takkourabt » ont été également inscrites. Pour le CEM, indique t-il encore, le Wali, lors de sa dernière visite, a chargé le P/APC de s’employer de dégager une assiette foncière. Au titre du plan communal de développement 2006, le village a bénéficié du bitumage de deux pistes. La conservation des forêts étudie, la possibilité de réaménager l’aire de jeux,sise à proximité. « Ce qui permettra à nos jeunes de s’adonner à la pratique sportive et éluder les fléaux sociaux », soutient notre interlocuteur. Pour répondre aux besoins d’une population grandissante estimée à 15 000 habitants, les membres du comité pensent que l’implantation d’un centre de santé est une revendication légitime. En réalisant de leurs propres moyens des projets d’utilité publique, les citoyens de Redjaouna Lbour attribuent au concept de « la citoyenneté » sa vraie définition, celle de prendre part à la gestion des affaires de la cité.

M.Ait Frawsen

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