La salle des fêtes Tirza d’Azazga s’est avérée trop exiguë pour contenir la grande foule qui l’a envahie tôt la matinée de ce jeudi 25 mai, venue des quatre coins de la région afin de rendre hommage, à l’initiative de l’association culturelle Muhend At Lhadj de la même localité, à Malika Domrane, “Tabargazt”, comme l’ont qualifiée plus d’un des intervenants parmi ses amis et ceux qui l’ont côtoyée et qui se sont succédé sur la scène, invités à porter leurs témoignages sur son itinéraire et son parcours. Femme-courage, Malika l’a toujours été, d’abord en osant “infiltrer” dès son jeune âge dans les années 70 le monde artistique, alors qu’il était “strictement” réservé à la gent masculine, ensuite en chantant la cause féminine dans toutes ses dimensions. “Elle a osé dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas, au moment où tout était pratiquement interdit aux femmes en particulier et à tous les Algériens en général. Sincèrement, elle mérite beaucoup plus que ça, pourquoi pas un hommage national ?”, dira Abdellah Yougourthen lors de sa prise de parole. Belhanafi, l’animateur de la Chaîne II a tout simplement comparé Malika Domrane à Fatma N’Soumeur. “Pour son courage, son esprit d’insoumission et de militante infatigable”, a-t-il dit.Arrivée vers 13h30 à la salle où l’attendait tout ce beau monde, Malika Domrane, entourée de sa mère, Là Fetta et certains de ses proches a eu du mal à contenir son émotion. Elle versa des larmes dès sa descente de la voiture qui l’avait amenée. Elle ne s’attendait peut-être pas à un tel accueil, qui était des plus chaleureux. Il nous faisait rappeler celui réservé, en Kabylie, à une mariée. Des flashs et des bouquets de fleurs fusaient de partout. Il fallait jouer des coudes pour s’approcher d’elle. Mais, il faut dire que ce qui a surpris le plus l’enfant de Tizi Hibel, est le fait d’avoir retrouvé des amis de longue date qui l’attendaient, entre autres Boualem Rabia, Sid-Ali Naït Kaci, son ancien directeur du temps où elle était infirmière à l’hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, Mme Belhadj, dite Bouaouche N’Djerdjer avec laquelle elle avait fait ses débuts artistiques dans la chorale Fatma N’Soumeur. “Je suis très émue et très contente de ce que vous avez fait pour moi…”, a déclaré Malika lors de son intervention avant de revenir en détail sur son parcours de “combattante” devrait-on dire. L’attentive assistance apprendra, notamment, de sa bouche que ce fut, feu Slimane Azem qui l’avait reçue à l’aéroport d’Orly en 1979, lors de son premier voyage en France. “Je dois beaucoup à Da Slimane”, a-t-elle reconnu.Malgré les années écoulées, Malika Domrane n’a rien perdu de sa splendeur. Elle est superbe. Mais c’est surtout la voix qu’elle garde intacte. Des admirateurs présents ce jeudi à Azazga l’on constaté lorsqu’elle a chanté pour eux Adhella, Boubrit… de sa voix chaude, elle a fait pleurer les “âmes sensibles” lorsqu’elle a repris achewiq, Aya Gedigh… en hommage au chantre Matoub Lounès qu’elle termina par le refrain Assa azeka, Malika thella thella sur un tonnerre d’applaudissements, comme quoi malgré sa longue absence, Malika reste toujours dans les cœurs de tous ceux qui l’ont aimée. La diva Malika l’a certainement compris à travers cet hommage qui fut tout simplement grandiose et qui a duré très tard dans la soirée de ce jeudi. A noter que durant la matinée, les présents ont eu droit à une exposition de poteries, de robes kabyles, de bijoux et une animation continue d’Idhabalen. A midi, tout le monde a été invité autour d’un délicieux plat de couscous. En un mot, la fête fut totale, l’association initiatrice de cette activité a bien réussi son coup.A noter enfin que pour la soirée d’hier, une pléiade d’artistes étaient attendus au stade Boukersi-Lounès d’Azazga pour clôturer cet hommage à “Tabargazt”. Nous y reviendrons.
M. O. Ben Mokhtar