“J’ai été ruiné par le séisme et oublié des autorités”

Partager

Il y a quelques jours, le propriétaire d’un projet de construction d’un hôtel à Tigzirt, qui a été touché de plein fouet par le séisme du 21 mai 2003, s’est rapproché de nous pour se plaindre de la plongée aux enfers qu’il vit depuis cette catastrophe naturelle. Un permis pour la réalisation d’un hôtel touristique de 38 chambres à la sortie Est de la ville de Tigzirt a été délivré par l’administration le 22 septembre1994 à M. Kadri Mohammed. “Durant toutes ces années j’ai construit brique par brique, j’ai investi toute ma fortune dans ce projet jusqu’à atteindre un taux de réalisation de 80% environ” et de continuer “la journée du 21 mai 2003 a été fatale pour moi. Le séisme a dévasté en quelques secondes tout ce que j’ai pu construire péniblement en une décennie”. En effet ce malheureux propriétaire, nous a exhibé la triste image de sa bâtisse dévastée par le tremblement de terre sur une photo prise des lieux. Sur cette dernière l’on peut voir que le rez-de-chaussée a complètement disparu. Le bâtiment de 4 étages a été réformé en totalité par les services du contrôle technique de construction (CTC). Sur le permis de construire, on peut lire que la bâtisse était un futur hôtel. “Au lendemain du séisme, les autorités locales de la ville de Tigzirt m’ont assuré que mon cas sera pris en charge par le ministère du Tourisme en vue d’une indemnisation” nous a-t-il déclaré. Mais selon lui “après plusieurs années, cela s’est avéré un leurre et de la poudre aux yeux”. Cela sans omettre de dire que la victime a adressé plusieurs requêtes et correspondances aux autorités locales, au wali et au ministère du Tourisme. “J’ai convaincu deux de mes fils de rentrer de France pour venir travailler et investir dans leur pays. Finalement je les ai induit en erreur. Aujourd’hui nous sommes tous sinistrés et non pris en charge par les autorités” se plaint-il. Et de continuer “ils se disent, que je suis riche. Ils se trompent, je jure que je ne le suis pas” fulmine-t-il. Au début lui et son fils, ont été logés dans le camp de sinistrés, Ali Yacine de Tigzirt ensuite à la Cacobapth. Sur ce dernier site M. Kadri parle des conditions lamentables dans lesquelles ils vivent. “Nous vivons dans un studio vétuste où il n’y a ni hygiène, ni électricité, ni eau et encore moins de sécurité. Et lors de la dernière attribution des logements sociaux, on nous a méprisé et lésé”. Tout au long de l’entretien, l’opérateur ruiné ne cesse de se plaindre de la situation dans laquelle il se noie depuis des années. “J’ai peur de devenir fou sous ce climat de pression dans lequel on m’a plongé” et d’ajouter “je suis un véritable sinistré dans ma vie familiale et pour mon projet. J’ai perdu toutes mes forces avec ce qui m’est arrivé. Les responsables doivent m’aider et se pencher sur mon cas”. Ces responsables dont parle notre interlocuteur sont le chef de daira de Tigzirt, le wali, le directeur du tourisme de Tizi Ouzou et le ministre du Tourisme. Avant de nous quitter désespéré, il nous a laissé toute une liasse de documents comme preuve de son pénible cas. En attendant que son cas soit pris en charge, ce citoyen victime d’une catastrophe naturelle et livré à lui-même n’a d’autre choix que celui de prendre son mal en patience et se dire que la fin de son cauchemar sera peut-être pour bientôt.

Mourad Hammami

Partager