De notables avancées

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Si le bilan du premier quinquennat a été largement commenté par les uns et les autres notamment lors de la dure campagne qui a précédé les élections présidentielles de l’année passée, il est difficile sinon prématuré de faire un exposé succinct et exhaustif d’une année d’exercice. Il reste cependant que durant les douze mois passés, la scène politique nationale a beaucoup changé, au même titre d’ailleurs que la place de l’Algérie sur la scène internationale qui s’est consolidée davantage.

Le début effectif des réformesLe premier constat à tirer de la première année de la deuxième mandature du président Bouteflika est sans conteste l’accélération et la concrétisation de certains chantiers lancés durant la période allant de 1999 à 2004. Le code de la famille qui a été mis en gestation durant quatre années a finalement été amendé au début de cette année. Ce texte, voté par le Parlement du parti unique, a constitué des années durant le fer de lance du combat des militants démocrates en général et des organisations féminines en particulier au point de devenir une priorité nationale. Malgré la farouche opposition des partis de la mouvance islamiste et les conservateurs du FLN, le président de la République est finalement passé à l’acte et a tenu la promesse de “rendre justice à la femme algérienne « . Certes, la nouvelle mouture du texte ne lève pas tous les amalgames entretenus autour du statut de la femme dans notre pays. Mais n’empêche qu’il a réussi à affranchir l’Algérienne du joug qui la maintenait comme mineure à vie en enlevant notamment l’obligation de la présence du tuteur lors du mariage et en donnant à la mariée le droit de contracter elle-même son alliance.En plus du code de la famille, la femme a été réhabilitée par l’amendement du code de la nationalité qui permet désormais, entre autres, à la mère de donner sa nationalité à son enfant.Le secteur de la justice, avec ses ramifications, a lui aussi connu des changements notables au courant de cette première année du mandat présidentiel. En plus du volet législatif et organisationnel qui ont permis à titre d’exemple d’assurer une meilleure formation aux magistrats, des décisions importantes et notables ont permis à l’institution judiciaire de réhabiliter un tant soit peu son image et de regagner la confiance du justiciable. Rien que cette semaine, en effet, quelque 40 juges sont poursuivis devant les juridictions par la chancellerie pour abus de pouvoir ou pour corruption. La justice s’est également saisie de l’épineux dossier des terres agricoles qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. La préparation de la nouvelle loi sur la prévention contre la corruption et le blanchiment d’argent est une autre preuve de la volonté du chef de l’Etat de s’attaquer à l’un des dossiers qui ont constitué un véritable tabou. “La loi coupera la tête de ceux qui oseront interférer dans le travail des juges « , a déclaré le Président la semaine passée lors de la Conférence nationale sur la réforme de la justice. Le secteur de l’éducation n’est pas resté en marge des réformes engagées. Là aussi, tout en reconnaissant que des changements dans ce secteur exigent  » un processus long et périlleux « , Abdelaziz Bouteflika a réussi une partie de son pari puisque les premières retouches apportées sur le dossier sont déjà appliquées, à l’image de l’introduction du français en deuxième année primaire et l’enseignement des matières scientifiques en langue française. A cela s’ajoute le passage progressif à l’obligation d’instaurer l’enseignement préscolaire.

Diplomatie : poursuite de l’offensive C’est incontestablement sur le plan international que le président de la République s’est distingué durant cette première année de son deuxième mandat. Ce n’est certes pas nouveau puisque cette dynamique a commencé durant le premier quinquennat. Les performances de l’Algérie sur le plan diplomatique sont plus visibles à travers notamment deux sommets qui ont connu des succès dont les retentissements ont largement dépassé l’espace géographique dans lequel évolue notre pays. Il s’agit d’abord de la réunion des chefs d’Etat africains membres du NEPAD qui avait réuni, au mois d’octobre 2004, le maximum de leaders africains. Le deuxième sommet est celui de la Ligue arabe qui a, au-delà de tout, mis les jalons de la réforme de cette organisation. Cela sans oublier le respect et l’intérêt que suscite l’Algérie auprès des grands de ce monde, en témoignent les participations, devenues régulières, de Abdelaziz Bouteflika aux réunions du G8. Ajouter à cela le fait que le chef de l’Etat est considéré actuellement comme un des leaders mondiaux dans le dossier lié au dialogue des civilisations, aux côtés du président iranien, Mohamed Khatami et du président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Pluralité : la traîne Le seul domaine où l’Algérie politique n’a pas beaucoup évolué, même s’il n’y a pas de recul notable, est celui de la pluralité, notamment des médias audio-visuels que les pouvoirs publics, à commencer par le Président lui-même, n’ont pas encouragé. Abdelaziz Bouteflika a justifié son acte par le fait que  » les conditions ne sont pas réunies « . Quand le chef de l’Etat parle de conditions, il se réfère notamment à l’aspect sécuritaire qui s’est amélioré malgré les quelques actes sporadiques qui n’ont rien à voir avec les grands massacres du milieu des années 1990. Quant au pluralisme politique, si aucun parti n’est interdit ou empêché clairement d’activer, il reste que l’opposition n’arrive toujours pas à décoller et à se remettre de sa défaite des élections présidentielles de l’année passée, exception faite du Parti des Travailleurs, du MRN et du FFS.Ce sont donc là les aspects politiques essentiels qui ont marqué la première année du deuxième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Ce n’est qu’un constat dans la mesure où il est tôt de jubiler ou de critiquer la pratique du pouvoir en un laps de temps très court, où il faut surtout évoluer avec la complexité des défis auxquels est confrontée l’Algérie.

Ali Boukhlef

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