Il y a une année, Abdelaziz Bouteflika a été élu président de la République. Jamais l’Algérie n’a vécu une campagne aussi « hard » que celle qui a précédé la présidentielle du 8 avril 2004. Les Algériens ont assisté médusés à un front constitué de cinq candidats contre le sixième, Bouteflika. De mémoire d’Algériens, on n’avait jamais entendu autant d’insultes adressées à un candidat et à sa famille. C’était une campagne nauséabonde et sale. Nous écrivons cela, non pas par un quelconque esprit revanchard, mais pour rafraîchir la mémoire à ceux qui font semblant d’oublier, affairés à retourner la veste et le pantalon. Dénués de toute morale et éthique, les lyncheurs d’hier se proclament supporters aujourd’hui. Ainsi, l’APN, symbole de l’opposition à Bouteflika, est redevenue par la magie de l’opportunisme la citadelle du Président. Hormis l’éviction de Karim Younès du perchoir, la composante de l’assemblée n’a connu aucun changement. Les députés de la majorité avaient non seulement fait campagne pour Benflis, mais s’étaient farouchement opposés à Bouteflika. Nous n’avons ni entendu ni lu le moindre mea-culpa ou autocritique pouvant justifier ou légitimer leur ralliement au programme du Président. Une majorité qui surfe avec autant d’aisance et sans une once de morale d’un candidat vers le gagnant, révèle la légèreté avec laquelle elle appréhende la vie politique. Cette attitude met à nu également le caractère et les us de la maison FLN. Cela étant, cette démarche décrédibilise l’action politique, et lui porte atteinte. Une année après l’élection présidentielle, il n’est pas faux de dire que les Algériens ont vu deux FLN, avec la même composante,se succéder dans deux camps diamétralement opposés. Cette énormité s’est passée comme si de rien n’était. C’est dire la complexité du fonctionnement d’un parti bien particulier.L’élection du 8 avril 2004 nous a également appris à nous méfier des sondages et autres analyses concoctés dans les salons algérois. Une offensive sans précédent avait été menée pour faire croire au peuple algérien que tout pouvait arriver le 08 avril, sauf la réélection de Bouteflika à la présidence de la République. Pour certains, les choses étaient ainsi ficelées, sans consulter les électeurs. Pendant ce temps, le candidat Bouteflika sillonnait le pays et tentait de convaincre les Algériens du bien — fondé de son programme,et cela sans insulte ni invective. Nous avons vécu une véritable chasse aux sorcières, menée par les partisans des autres candidats. Les journaux qui soutenaient la candidature de Bouteflika étaient taxés de « presse parapublique », et ce, par leurs propres confrères, qui leur déniaient ainsi un droit constitutionnel, à savoir la liberté du choix politique. Ces mêmes « terroristes intellectuels » n’hésitaient pas à vous dire que des généraux étaient derrière la candidature de tel candidat. Pis, ils ont appelé ouvertement à un coup de force au lendemain de la proclamation des résultats. Ils l’ont fait, et c’est nous qui sommes la « presse parapublique ».Oui, nous avons soutenu Bouteflika avec la conviction que son programme pouvait sortir le pays du marasme. Nous l’écrivons aujourd’hui sans haine ni jubilation, juste pour dire qu’en ce qui nous concerne, nous avons fait un choix que nous continuons d’assumer.
Chérif Amayas.