“Nous sommes livrés à nous-mêmes” disent-ils d’une voix calme et néanmoins chargée de tout le sentiment d’abandon qui les ronge. Cette phrase lâchée par des jeunes de la localité illustre parfaitement le désespoir de tous les jeunes Algériens. Un désespoir qui prend de plus en plus de proportions d’autant plus alarmantes que la déperdition scolaire et l’exclusion font dans le tissu juvénile des “ravages” importants et inestimables. Aucune autre chance de succès dans la vie pour un jeune qui rate ses études. Les chances de formation étant quasiment nulles, toute la daïra ne disposant que d’un CFPA situé dans la commune d’Aït Agouacha, avec des capacités d’accueil limitées, l’emploi est donc devenu une chimère. Plusieurs jeunes se retrouvent, une fois hors du circuit de l’éducation, dans la rue, sujets à tous les fléaux : vols, rackets, drogue, agressions…. “La solution idoine relative à cette impasse reste indéniablement l’aide à l’emploi des jeunes. Une formule dont seule une minorité a bénéficié à cause de la complexité de la procédure et l’encouragement de l’investissement à même de créer des postes de travail”, pensent quelques citadins. Or, le constat est amer. La zone d’activités à Aboudid située à 1 km environ à l’est du chef-lieu de la commune, créée dans les années 80 dans le but justement de remédier et générer des postes d’emploi a été déviée de sa vocation. Aujourd’hui, malheureusement et au grand dam des populations, cette zone est transformée en “zone résidentielle”, regrettent quelques riverains en quête d’emploi ; d’autres commentent que “l’endroit n’est pas propice”. A l’échelle locale et régionale, les investisseurs sont réticents. Les rares postes de travail proposés alors par les administrations publiques (APC, hôpital, daïra, éducation…) font l’objet d’une bataille souvent déséquilibrée trop de “favoritisme”, font remarquer les plus avertis parmi les jeunes. A tout cela s’ajoute le manque, pour ne pas dire l’absence totale de structures et infrastructures pouvant atténuer le mal. La Maison de jeunes et le Centre culturel qui n’existent que par leurs noms dans cette ville, n’ont pu offrir un échappatoire ou, au moins, un divertissement pour cette masse juvénile sans occupation.La situation présente montre clairement les prémices d’une crise sans précédent, le futur devant être construit sur le présent. Du côté des responsables locaux, et à tous les niveaux, on affirme avoir déployé des efforts colossaux mais, “la pierre angulaire est la politique de l’emploi et de l’insertion de la jeunesse à l’échelle nationale”, dit-on. Aucune autre solution, exceptés les « postes de travail” offerts dans le cadre de l’ESIL et de l’IAIG. “Mais cela est une forme d’exploitation”, nous dira un TS en bâtiment employé dans ce cadre depuis cinq années.
S.K.S.