Une wilaya qui ne décolle pas

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Promue chef-lieu de wilaya en 1974 mais de toutes les villes du pays, Bouira de l’avis de ses habitants et même de l’avis aussi de nombreux citoyens de passage, reste la plus démunie en matière de développement et la moins gâtée de par la nature.Cet état de fait n’est pas, loin s’en faut, imputable, comme beaucoup pourraient le croire, à sa configuration géographique et encore moins à la pauvreté de ses ressources naturelles. A vocation agricole et aussi touristique, pour peu,qu’une politique adéquate soit impulsée à ce secteur, Bouira demeure cependant ce vaste territoire du centre du pays qui ne veut toujours pas bouger et quand il le fait, c’est pour faire des projections économiques en affirmant, à titre indicatif que la pomme de terre intéresse l’étranger et qu’elle va incessamment être exportée. En fait, à peine si le tubercule franchit les frontières de la wilaya. L’huile d’olive est un autre produit qui défraie la chronique chaque année. Là aussi, il n’y a pas lieu de s’en enorgueillir : à peine si l’olivier nourrit son propriétaire. La céréaliculture du côté de la plaine des Aribs qui faisait la fierté de la région avant et après l’Indépendance a connu elle aussi une incroyable régression au gré des variations climatiques, des maladies qui se déclarent tous azimuts et de l’appauvrissement des terres. A cela s’a’joute le mauvais traitement du sol, la cherté des engrais et le laisser-aller des agriculteurs en dépit de la sensibilisation et du suivi continu sur le terrain des techniciens de la direction des services de l’agriculture.A toutes ces causes qui freinent un meilleur rendement en céréaliculture viennent s’ajouter des considérations mercantiles qui poussent des agriculteurs à dévier ces terres de leur vocation naturelle pour y produire essentiellement de la pomme de terre. Ainsi, le port d’Alger ne désemplit pas de bateaux chargés de blé et autres céréales en provenance d’Amérique.Le secteur de l’industrie n’est pas mieux loti. D’ailleurs il faut vraiment se questionner si on n’est pas en tort en osant parler d’industries dans cette wilaya qui n’arrive toujours pas à attirer un minimum d’industriels ou de potentiels investisseurs. Aussi les seuls créneaux sur lesquels la région pourra compter sont ceux du tourisme et de l’industrie artisanale. Tikjda, l’un des merveilleux sites du pays constitue à lui seul une richesse réelle en la matière, pour peu que les mécanismes soient mis en œuvre par ceux qui en possèdent la clé de voûte afin d’assurer une reprise effective de l’activité touristique dans cette région porteuse de la wilaya. Mais là aussi il est douloureusement inconcevable de remarquer que les autorités n’ont absolument rien entrepris pour encourager l’initiative des investisseurs et les hommes d’affaires qui rêvent de monter des commerces pour répondre aux besoins d’un tourisme grandissant. La même politique d’exclusion frappe également les vestiges, les ruines antiques, les nombreuses stations thermales et les espaces attractifs qui existent pourtant en nombre appréciable au quatre coins de la wilaya, sans parler des lieux de loisirs qu’on peut éventuellement créer du côté de Aïn Bessem et de Bechloul.Notamment dans tous les environs longeant les barrages implantés dans ces régions et qui connaissent, faut-il le souligner, une affluence record tout au long de l’année. En somme, et même si la volonté de changement existe chez les responsables et les autorités publiques chargées de la promotion du tourisme dans cette wilaya, il n’en demeure pas moins que beaucoup de chemin reste à faire dans ce domaine. En d’autres termes, il ne suffit pas de décider de la réouverture de Tikjda et de le chanter sur tous les toits pour prétendre relancer l’activité dans cette région. Car le site ne deviendra attractif que si le citoyen trouve sur les lieux ce qui répond à ses attentes et les structures adéquates lui assurant un minimum de bien-être.

Anis S.

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