La Kabylie n’est pas à l’abri de la drogue

Partager

Ce constat est celui des différentes études réalisées depuis 1990 à nos jours, sur l’ensemble du territoire du pays, a révélé hier, le Dr en psychiatrie, Abas Ziri. La moyenne d’age de la première consommation se situe entre 17 et 18 ans, estime le conférencier qui s’appuie sur ces études. Plus grave encore, il a été retrouvé durant les prospections que les enfants âgés entre 9 et 11 ans s’adonnent aux substances toxiques. Un phénomène qui se développe de plus en plus dans nos écoles primaires et collèges.La Kabylie qui n’a pas de spécificités typiques de ce phénomène, n’en échappe pas pour autant. L’absence de statistiques a fait qu’il est très difficile de mesurer les proportions et de situer les nids d’approvisionnement. Les spécialistes en psychiatrie de Tizi-ouzou qui ont tenu à marquer la journée mondiale de lutte contre la toxicomanie, en organisant une journée d’étude à l’hôpital psychiatrique Fernane Hanafi de Oued-Aissi sous le thème : «La drogue n’est pas un jeu d’enfants», se sont, tous, accordés à dire que la consommation des substances toxiques mènent inévitablement à la dépendance.Comme ils ont mis en évidence que l’échec scolaire, l’oisiveté, le chômage et le manque de moyens utiles à une vie décente conduisent, incontestablement, vers l’usage de la drogue sous toutes ses formes. Six causes de l’accroissement du phénomène, sont identifiées comme étant des origines majeures. Il s’agit de l’explosion démographique, le manque de maîtrise du monde de l’emploi, l’éclatement de la cellule familiale (divorce, démission des parents), l’échec scolaire, l’exclusion précoce et l’absence de réinsertion, la disponibilité des produits toxiques sur le marché et l’accessibilité ainsi qu’une défaillance dans la gestion des produits psychotropes avec l’absence de rigueur dans leur prescription et enfin, la crise multidimensionnelle et la perte des valeurs que vit le pays. Pour le Dr Ziri, la croissance que connaît le marché mondial, notamment en provenance des pays de l’Amérique latine, mais aussi de notre voisin, le Maroc, l’augmentation de la délinquance, de la prostitution et du banditisme favorisent également la montée et l’aggravation de la toxicomanie. Son ampleur est détectée chez la population jeune, appelée population à risque, en manque d’information, d’éducation et de sensibilisation, note, par ailleurs, le psychiatre. Les spécialistes précisent qu’il n’existe pas un type de personnalité toxicomaniaque. Cependant, expliquent-ils, celle-ci peut présenter plusieurs structures psychopathologiques, telles le déséquilibre psychique (psychopathie) qui se caractérise par l’instabilité, l’impulsivité, une biographie faite de rupture et de passage à l’acte fréquent, la délinquance et la carcéralité, c’est-à-dire, séjours dans l’établissement carcéral. Comme elle se manifeste également par le besoin impérieux de réaliser immédiatement le désir. Afin de prévenir contre ce phénomène, les spécialistes proposent la mise en place d’une politique globale en faveur des jeunes, pour qui, l’Etat doit aménager des structures d’accueil, du sport et de loisirs, étudier les moyens à apporter aux associations sportives, une aide accrue soit sur le plan financier soit des avantages à ceux qui acceptent une responsabilité dans l’encadrement des jeunes.Il a été aussi suggéré de mener des actions de prévention dirigées vers les jeunes en difficulté et la création de centres d’accueil offrant la possibilité d’entretien et une orientation éventuelle vers d’autres structures de prise en charge. L’information qui joue également un rôle prépondérant, doit être destinée en premier chef aux parents, enseignants, éducateurs et vers les médecins et pharmaciens, a t-on encore conseillé. Et pour une meilleure prise en charge des toxicomanes de la wilaya de Tizi Ouzou, les psychiatres réclament la création d’un centre intermédiaire de soins spécialisés pour la wilaya capable à même d’inciter les usagers des substances toxiques à y être admis loin de faire l’amalgame entre toxicomanes et malades psychiatriques.

M.A.T

Partager