Plus de deux milliards deux cent mille âmes vivent, dans des zones à carence iodique des effets pervers qui donnent la chair de poule : goitre endémique, malformations congénitales, cancers, crétinisme. Des chiffres qui ne baissent pas ou très peu, voilà en substance, ce qui a été porté à la connaissance des participants à la journée d’information sur le sel iodé de qualité alimentaire organisée hier à Béjaïa par l’ENASEL.Avec une production de sel gemme (l’Algérie n’exploite pas le sel marin) évaluée à 350 000 t/an, notre pays ne se taille que 40% du marché national soit environ 144 000 t, le reste étant apporté par la concurrence.Par concurrence, il faut entendre non pas les produits issus de l’importation elle est nulle mais la production locale, hors ENASEL, extraite de manière traditionnelle.La moyenne nationale per Capita toutes qualités confondues se situe aux alentours de 22 kg avec un pic qui pointe à 41kg à Béjaïa, contre 17 à Tizi Ouzou et 5 seulement à Bouira.Le sel est à la base de l’alimentation humaine et même animale et l’idéal serait d’en consommer 6 à 8g par jour. C’est surtout un gage de bonne santé puisqu’il véhicule l’iode dont la carence cause fréquemment des lésions cérébrales permanentes et un retard mental chez les enfants. La carence en iode est un problème important du fait de sa prévalence ubiquitaire, et de ses effets destructeurs sur la santé des vivants.En Algérie, à la carence due à l’utilisation directe du sel exploité traditionnellement, s’ajoute la problématique liée à la consommation de pain dont nous sommes, et c’est un fait avéré parmi les plus grands consommateurs au monde.Actuellement, l’ENASEL qui a évalué les besoins de la boulangerie affirme ne détenir que 10% de ce marché de sel soit 4 000t/an. De calcul en calcul, on est arrivé à 9 millions de baguettes qui sont vendues annuellement sur le marché national sans iodation du sel et qui sont consommées par 5 143 000 ménages. 5 143 000 ménages algériens qui consomment donc du pain avec du sel non iodé ! De quoi tirer mille fois la sonnette d’alarme car réellement et sans faux alarmisme, il y a péril en la demeure.L’ENASEL, de l’avis même de ses responsables, déploie une partie de ses activités en direction du consommateur, faisant de la prévention une priorité. Signalons enfin l’inauguration dans le commune de Oued Ghir d’un dépôt-vente de l’ENASEL.
Mustapha Ramdani